La difficile transition de la pêche française vers la décarbonation

Au salon Itechmer, qui s’est tenu à Lorient du 11 au 13 octobre 2023, les professionnels de la pêche ont exploré les techniques qui devraient permettre au secteur de décarboner son activité. Le remplacement des énergies fossiles est possible, mais il sera coûteux et pas simple.

Le salon bisannuel Itechmer consacré aux technologies de la pêche a montré cette année un visage schizophrène. Tandis que dans les conférences, ingénieurs et techniciens discutaient des différentes voies pour sortir du tout gazole, les allées du salon d’exposition étaient toutes emplies de moteurs diesel. Cela n’a pas échappé à Jérôme Quéret, représentant de Go Capital, société bretonne de gestion de capitaux.

"Ce salon fait la part belle aux énergies fossiles alors que des milliards d’euros sont nécessaires pour atteindre les objectifs de décarbonation du secteur pêche dans un laps de temps très court, s’est inquiété le financier. Quand va-t-on passer du concept à la réalité ?" Et le financier de déplorer le manque criant d’études sur le comportement même des bateaux. "On ne sait même pas comment ça se passe à bord des navires, a poursuivi Jérôme Quéret. Nous n’avons pas de bateaux équipés de capteurs pour nous donner une idée du fonctionnement énergétique en pêche, pas d’appareillage, pas d’intelligence artificielle !" En matière de décarbonation, on naviguerait donc encore dans le brouillard.

L’ambition : décarboner la flotte française d’ici à 2030

Pour en sortir, la direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture (DGAMPA) a publié en janvier 2023 sa "feuille de route de décarbonation de la filière maritime" dans le cadre de la stratégie France mer 2030. Cette "proposition de plan d’action" couvre tout le secteur maritime, de la marine marchande au secteur de la pêche en passant par le transport de voyageurs (les ferries). L’ambition, c’est de décarboner la flotte française d’ici à 2030, ce qui représente une gageure. Les besoins en investissements sont estimés entre 75 et 110 milliards d’euros sur la période 2023-2050.

L'Organisation maritime internationale (OMI) s’est, de son côté, engagé à réduire de 50% les émissions des porte-conteneurs, vraquiers et autres cargos d’ici à 2050. Enfin, le règlement européen "Fuel EU maritime" va plu[...]

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