Deux ans avec sursis pour avoir fauché un enfant: la famille de la victime en colère

Deux ans avec sursis pour avoir fauché un enfant: la famille de la victime en colère

Le 6 février dernier, Yanis, un petit garçon de 8 ans, était mortellement fauché par un véhicule alors qu'il traversait sur un passage piéton sur une route longeant le lac de Villeneuve-de-Raho, dans les Pyrénées-Orientales. La conductrice, une femme de 57 ans, vient d'être condamnée par le tribunal correctionnel de Perpignan à deux ans de prison avec sursis. Une peine "incompréhensible", pour la famille du petit garçon.

"On rajoute de l'injustice à notre douleur, souffle auprès de BFMTV.com Akim, le père de Yanis. Aujourd'hui, nous sommes dans l'injustice et l'incompréhension. Il y a un sentiment de double peine."

"Permis de tuer"

Marie-Christine B. venait de passer un ralentisseur au volant de sa Citroën C3, dans laquelle elle transportait ses deux petites filles, quand elle a été "éblouie par le soleil", a-t-elle expliqué lors de son procès le 28 septembre dernier. Roulant alors à 50 km/h, sur une zone 30, comme l'a démontré l'enquête, elle dit ne pas avoir vu le petit garçon au milieu de la route qui traversait sur le passage piéton avec sa mère et sa sœur.

"Tout de suite, j'ai senti un impact, je me suis demandée ce que c'était, j'ai cru à un volatile, mes petites ont crié dans la voiture", a témoigné la quinquagénaire à l'audience, citée par France Bleu.

La conductrice dit avoir tenté de se garer, mais avoir renoncé après s'être fait klaxonner par d'autres automobilistes. Elle finira par se stationner à 500 mètres du point d'impact, alertée par les gestes des témoins, niant donc avoir tenté de fuir. Lors de cette audience, le représentant du parquet de Perpignan avait requis 5 ans de prison avec sursis et 18 mois de suspension de permis.

"Est-ce qu'on peut faire notre deuil? Est-ce qu'on peut se dire que justice a été rendue? La réponse est non, se désole Akim, le père de la jeune victime. On vient de lui redonner son permis de tuer. Avec ce jugement, il y a un désaveu du réquisitoire du parquet alors qu'on est au tiers de la peine requise."

Le délit de fuite pas retenu

Dans son jugement, le tribunal correctionnel de Perpignan a reconnu coupable la conductrice d'"homicide par imprudence" et l'a condamnée à deux ans de prison avec sursis et une suspension de permis de 12 mois. "Il est établi que le véhicule n'a pas roulé sur l'enfant", mais que Yanis a été "projeté sous le choc", a indiqué la présidente. Le délit de fuite n'a pas été retenu comme circonstance aggravante, la justice estimant que la conductrice s'était arrêtée et avait prévenu les secours.

"L'idée n'est pas de dire que plus grande sera la peine, plus le chagrin sera diminué, estime Me Ilyacine Maallaoui, l'un des avocats de la famille de Yanis. Mais ce délibéré parachève la chronologie judiciaire de ce dossier."

À l'audience en septembre dernier, les parties civiles avaient réclamé l'ouverture d'une information judiciaire, qui leur a été refusée. Elles avaient également évoqué la possibilité de faire réaliser une expertise anatomopathologique, recommandée par le médecin légiste dans les conclusions de son autopsie, pour déterminer les causes réelles de la mort de l'enfant, notamment grâce à une analyse sur les organes. "On nous a dit les yeux dans les yeux que ce n'était pas nécessaire pour ce dossier", résume l'avocat.

Pas d'appel formulé

Sauf que le 9 novembre dernier, date à laquelle devait être rendu le délibéré du jugement de la conductrice, la présidente du tribunal informe les parties que cette expertise a déjà été réalisée en mai, mais n'avait pas été versée au dossier à cause d'une erreur au greffe. Une nouvelle audience s'est alors tenue le 14 décembre portant uniquement sur ce rapport d'expertise.

"Cela n'avait aucun sens de débattre isolément de cette expertise, tranche Me Maallaoui. Objectivement, il y a eu une juxtaposition de choses qui n'allaient pas dans ce dossier."

Selon nos informations, le parquet n'a pas l'intention de faire appel de la décision prononcée par le tribunal correctionnel de Perpignan. De son côté, l'avocat de la conductrice a lui aussi annoncé dans la presse locale qu'il ne ferait pas appel de ce jugement parlant de "décision juste". Contacté, il n'a pas répondu à nos sollicitations.

Article original publié sur BFMTV.com