“Depuis que je travaille en Suisse, je m’adonne au luxe et je ne compte pas les dépenses”

Vivre dans un pays et travailler de l’autre côté de la frontière : c’est ce que font de très nombreux – plus de 380 000 en tout – Allemands, Français, Autrichiens et Italiens employés en Suisse, où les salaires sont au moins deux fois plus élevés que dans leurs pays. Ouvriers, infirmiers, ingénieurs, avocats, enseignants, on les appelle les “transfrontaliers” et le magazine allemand Der Spiegel en a rencontré plusieurs pour comprendre leur mode de vie et leurs motivations.

Marc Milohnic, par exemple, est formateur professionnel pour le personnel infirmier à l’hôpital universitaire de Bâle et se rend à son travail en traversant la frontière à vélo ou en scooter. Comme les autres transfrontaliers, il perçoit son salaire en francs suisses et paie la quasi-totalité de ses dépenses en euros.

Laura, qui a tenu à rester anonyme, travaille quant à elle dans un service psychiatrique à Bâle. Elle dit gagner “deux fois plus que [sa] mère, qui travaille aussi comme infirmière aux urgences en Allemagne”. Non seulement, les salaires sont plus élevés en Suisse et le taux de change très favorable, mais les métiers du soin sont très valorisés et la pression moindre. “Je ne travaillerais pas dans ce métier en Allemagne, les conditions sont trop mauvaises”, confie la jeune femme. Emil est masseur et vit la même situation. À 29 ans, il déclare : “Depuis que je travaille en Suisse, je m’adonne au luxe et je ne compte pas les euros que je dépense.” Avec un emploi à temps partiel (trois jours par semaine), il touche 3 000 euros bruts. Il résume les choses ainsi :

“Les conditions de travail sont tout simplement meilleures en Suisse.”

“Économiquement, c’est une situation gagnant-gagnant”, explique Tobias Straumann, professeur d’histoire moderne et d’histoire économique à l’université de Zurich : “La Suisse obtient les travailleurs dont elle a besoin, les communautés allemandes obtiennent plus de recettes fiscales.” Néanmoins, l’exode des transfrontaliers entraîne une sévère pénurie de main-d’œuvre dans leurs pays.

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