“Depuis le 7 octobre, je n’arrive plus vraiment à écrire”

“Depuis le 7 octobre, je n’arrive plus vraiment à écrire. Pour moi, l’écriture est un état dans lequel on desserre brièvement l’étau suffocant de la rationalité, pour laisser parler ses tripes. Or depuis que cette guerre a éclaté, mes tripes ne parlent plus”, confiait récemment Etgar Keret. L’écrivain israélien renommé n’est pas le seul auteur à éprouver ces difficultés devant les massacres perpétrés par le Hamas contre Israël ce jour-là puis la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza en représailles, rapporte le Los Angeles Times (LAT).

Dans sa newsletter publiée sur le site Substack, l’auteur explique ressentir un trop-plein d’émotions.

“Je suis submergé par les émotions, constamment. Mais ces émotions qui m’envahissent (que ce soit la peine, la colère ou la solitude) ne mènent à rien. Quand vos tripes n’ont rien à dire, il n’y a rien de sensé à écrire, en tout cas pas de la façon dont j’écris.”

“Qui serons-nous ?”

D’autres auteurs avaient déjà averti des risques d’escalade de la violence à travers leurs œuvres. David Grossman, l’un des plus grands romanciers du pays est un militant pour la paix et un sioniste de gauche, selon le quotidien californien. À ce titre, il s’est intéressé aux rapports entre Israël et les Palestiniens dans son œuvre ainsi qu’aux effets de l’occupation israélienne sur la vie des Palestiniens. Son roman Une femme fuyant l’annonce (2008, traduit en français chez Seuil en 2011) fait par exemple le portrait d’une mère qui fuit l’annonce de la mort de son fils dans des combats contre le Hezbollah lors de la guerre de 2006, ce qui rappelle tristement l’actualité.

“Qui serons-nous quand nous nous relèverons de ces cendres et que nous renouerons avec notre vie ?” s’interrogeait récemment l’auteur dans un texte publié par le Financial Times et cité par le quotidien californien.

Etgar Keret, lui, a finalement réussi à reprendre la plume pour écrire une nouvelle laissant entrevoir un peu d’espoir, mais la majorité de ces écrits actuels sont de simples fragments “qui s’efforcent simplement de consigner ces petites poches d’humanité et de confusion, et ce sentiment d’impuissance”, signale le LAT.

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