Denis Sassou-Nguesso vers un nouveau mandat au Congo-Brazzaville

Le chef de l'Etat sortant, Denis Sassou-Nguesso, brigue un troisième mandat consécutif lors de l'élection présidentielle de dimanche en République du Congo et peut se représenter grâce à une réforme controversée de la Constitution adoptée par référendum en octobre dernier. /Photo d'archives/REUTERS/Anis Mili

par Aaron Ross et Christian Elion BRAZZAVILLE (Reuters) - Le chef de l'Etat sortant, Denis Sassou-Nguesso, brigue un troisième mandat consécutif lors de l'élection présidentielle de dimanche en République du Congo et peut se représenter grâce à une réforme controversée de la Constitution adoptée par référendum en octobre dernier. Grand favori, Denis Sassou-Nguesso, 72 ans, a dirigé le Congo de 1979 à 1992, année où il a été battu à la présidentielle par Pascal Lissouba. Il est revenu au pouvoir cinq ans plus tard au terme d'une guerre civile et a remporté les scrutins présidentiels de 2002 et de 2009. Ses partisans, qui veulent le reconduire pour cinq ans à la tête de l'Etat, affirment que grâce à lui le Congo-Brazzaville a pu retrouver la stabilité et développer ses infrastructures. "Il nous a apporté la paix. S'il s'en va, qui va terminer le travail ?", se demandent-ils. Les adversaires du président sortant jugent pour leur part que la richesse pétrolière du pays n'a profité qu'à une petite élite. La moitié de la population totale du pays (4,5 millions d'habitants) vit dans la pauvreté. Denis Sassou-Nguesso aura huit adversaires en face de lui, dont cinq ont conclu un accord de retrait au second tour en faveur du premier arrivé, au cas où le président sortant serait mis en ballottage dimanche. Parmi les candidats figure le général en retraite Jean-Marie Mokoko, ancien conseiller à la sécurité de Sassou-Nguesso. Pour de nombreux observateurs, la victoire du président sortant est plus que probable. "RÉSULTAT DÉJÀ CONNU" "Il va utiliser l'appareil d'Etat", dit Joe Washington, président de la Fondation Ebina, un groupe d'opposition à Brazzaville. "Le résultat de l'élection est déjà connu", ajoute-t-il. Lors du référendum d'octobre, la réforme constitutionnelle a été approuvée par plus de 92% des voix, avec une participation de 72%, selon la commission électorale, et cela malgré le boycott du scrutin par l'opposition. L'Union européenne a décidé de ne pas envoyer d'observateurs dimanche dans les bureaux de vote. Les compagnies pétrolières française Total, italienne ENI, américaine Chevron et Tullow, enregistrée à Londres, sont présentes au Congo-Brazzaville. "Les puissances occidentales sont restées relativement discrètes sur les aspirations de Sassou à briguer un troisième mandat, en raison notamment de leurs intérêts économiques au Congo", explique Christoph Wille, analyste à Control Risks. Pourtant, une victoire de Sassou-Nguesso n'est pas une garantie de stabilité sociale. Les forces de sécurité ont tué au moins 18 manifestants avant le référendum d'octobre. A Bacongo, un quartier du sud de Brazzaville où l'opposition est très présente, des habitants ont promis de redescendre dans la rue en cas de réélection du président. (Avec Emma Farge à Dakar; Guy Kerivel pour le service français)