Déconfinement : quelle est la différence entre le "tracing" et "tracking" ?

L'application "Trace Together", utilisée à Singapour

Après la fin du confinement, plusieurs gouvernements réfléchissent à des systèmes pour pister les malades du coronavirus et leurs potentiels contacts. Entre “tracing” et “tracking”, la différence est énorme.

Ce sont deux des mots les plus utilisés par les autorités pour évoquer les stratégies d’après confinement, et éviter une deuxième vague. Le “contact tracing” pour certains, le “tracking” pour d’autres. Si les deux mots sont utilisés indifféremment par la plupart, ils cachent pourtant deux stratégies très différentes.

En France, la stratégie qui prédomine est le “tracing”, ou “contact tracing”, qu’on peut traduire par le suivi des contacts. L’idée du gouvernement est de développer une application, baptisée “StopCovid”, et qui doit permettre à l’utilisateur d’être prévenu s’il a croisé une personne contaminée par le virus.

Détecter les smartphones croisés

Elle fonctionnerait grâce au Bluetooth, qui permet de détecter les autres smartphones distants de quelques mètres. L’application permettrait d’établir une liste des smartphones détectés par Bluetooth, stockée sur le téléphone. Les données ne seraient conservées que le temps estimé d’incubation du coronavirus, soit 14 jours environ. Lorsqu’un utilisateur est positif au Covid, il le signalerait via l’application, qui enverrait une notification aux contacts qu’il a croisé durant les 14 derniers jours.

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L’application, qui n’est pas encore prête, serait installée sur la base du volontariat, rappelle Cédric O, secrétaire d’Etat chargé du Numérique, qui précise que “personne, pas même l'État, ne pourra reconstituer la liste de ceux qui ont été contaminés et des personnes avec lesquelles ils ont été en contact”.

Le “tracing” privilégié en Europe

Des modalités qui doivent être discutées et précisées lors des débats au Parlement, les 28 et 29 avril, qui seront suivis d’un vote. Au coeur de ces discussions, la protection des données personnelles. Le “tracing” est la solution qui semble privilégiée par la majorité des pays.

Singapour a lancé son application “Trace together” il y a plusieurs semaines. La cité-Etat a mis à disposition le code source de son application pour d’autres pays. La France travaille, avec d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et l’Autriche au développement d’une application, qui fonctionnerait par Bluetooth. L’autre piste est celle avancée par Apple et Google d’une plateforme commune, pouvant servir de base à l’application. Mais cette proposition suscite la méfiance en raison de la protection des données personnelles.

L’Asie privilégie le “tracking”

Le “tracking” est bien différent du “tracing”. Si dans le cas de “tracing” il s’agissait de garder en mémoire les contacts entre les personnes via le Bluetooth, le “tracking” s’apparente à un suivi des déplacements via les GPS des smartphones et les antennes-relais.

Une solution beaucoup moins respectueuse de la vie privée qui est utilisée dans plusieurs pays asiatiques comme Taïwan. Le GPS du smartphone, voire des bracelets électroniques portés par les malades servent d’outil de contrôle, comme c’est le cas en Corée du Sud. Des options difficilement envisageables en Europe, où seule la Norvège a recours pour le moment au GPS pour suivre les déplacements des utilisateurs de son application "Infection Stop".