Décédé dans la rue à l'âge de 76 ans, il vivait dans un taudis sans fenêtres appartenant à un député LR

En pleine vague de froid, Raymond Sebas avait été retrouvé mort sur la voie publique début avril 2022 à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).

Député du Val-de-Marne depuis 1997, Michel Herbillon est le propriétaire du box où résidait apparemment le défunt (Photo : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP via Getty Images)

Avant son décès, il aurait habité dans la cave insalubre d'un élu de la République. Retrouvé mort dans la rue le 3 avril 2022 à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), Raymond Sebas a-t-il été hébergé dans des conditions indignes par Michel Herbillon, député Les Républicains (LR) du Val-de-Marne ?

La question se pose avec force après les révélations faites par Mediapart ce dimanche 14 janvier. Dans un article publié par le média d'investigation, on apprend ainsi certains détails troublants de l'histoire de Raymond Sebas, surnommé "Monsieur Raymond". Vivant dans l'isolement et dans une extrême pauvreté, ce septuagénaire travaillait comme jardinier chez certains particuliers de Châtenay-Malabry pour parvenir à survivre.

Retrouvé mort de froid en avril 2022

Sans domicile connu, "Monsieur Raymond" avait été retrouvé en état d'arrêt cardiaque le 3 avril 2022, en pleine vague de froid. C'est une boulangère du quartier, qui le connaissait parce qu'il venait régulièrement prendre un café dans son établissement, qui avait retrouvé le corps inerte de l'homme de 76 ans. Les secours étaient rapidement arrivés sur place, mais n'étaient pas parvenus à réanimer la victime, déclarée morte dans la matinée.

Un peu moins de deux ans après les faits, alors que la France subit une nouvelle séquence hivernale meurtrière pour les sans abris, une enquête de Mediapart révèle donc que "Monsieur Raymond" aurait habité dans un taudis appartenant à un député. Le média indépendant affirme ainsi que plusieurs clés ont été retrouvés sur la victime, parmi lesquelles celle d'un "'garage' qu’il louait, au sous-sol de la résidence Voltaire" à Châtenay-Malabry.

Un logement indigne

D'après le témoignage d'une policière, source de Mediapart, qui s'est rendue sur place, celle-ci aurait découvert que ledit "garage" était en fait un "box d’une dizaine de mètres carrés, sans fenêtres", dont l'aménagement laisse penser que le septuagénaire vivait là. A l'intérieur de ce local vétuste, se trouvaient ainsi "un lit de fortune (deux petits matelas mis bout à bout sur une planche), avec un rideau et un petit radiateur d’appoint".

"Des bouteilles de jus de fruits, des boîtes de petits pois, un paquet de purée et des briques de lait étaient stockés sur plusieurs étagères", précise Médiapart, qui ajoute que la cave en question était particulièrement sale, avec notamment "des excréments dans un coin". D'après le gardien de la résidence, "Monsieur Raymond" vivait là depuis plusieurs années, mais très peu d'informations ont pu être établies avec certitude par la fonctionnaire en charge de l'enquête.

Michel Herbillon, figure de la droite francilienne

Selon Mediapart, il n'y a en revanche aucun doute sur l'identité du propriétaire de ce box. Il s'agit du député LR Michel Herbillon, figure de la droite francilienne depuis plus de trente ans. Le média d'investigation a donc tenté à plusieurs reprises de contacter celui qui fut pendant 25 ans (de 1992 à 2017) le maire de Maisons-Alfort (Val-de-Marne) pour obtenir des explications, mais celui-ci a refusé de répondre.

Paradoxalement, moins de deux mois avant le décès de Raymond Sebas, Michel Herbillon avait déposé à l'Assemblée nationale une proposition de loi qui fait écho au destin tragique du jardinier de Châtenay-Malabry. L'objectif du texte était ainsi de "faire reconnaître la dignité des personnes âgées dépendantes" comme une "grande cause nationale".

"Le respect de la dignité de la personne humaine constitue la base même des droits fondamentaux, rappelait ainsi le député dans l'exposé des motifs. Ce principe implique de ne pas réduire l’être humain à son corps en le traitant comme un objet. Il exige également que les besoins vitaux de la personne soient assurés (...) Prendre conscience de la dignité de la personne âgée, c’est prendre conscience qu’elle reste un être humain à part entière."

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