Sur les « dark stores », le gouvernement face à une fronde d’élus locaux

Un coursier de l’enseigne Getir photographié à Amsterdam en février 2022 (illustration)
PIROSCHKA VAN DE WOUW / REUTERS Un coursier de l’enseigne Getir photographié à Amsterdam en février 2022 (illustration)

PIROSCHKA VAN DE WOUW / REUTERS

Un coursier de l’enseigne Getir photographié à Amsterdam en février 2022 (illustration)

POLITIQUE - Une levée de boucliers en bonne et due forme. Depuis plusieurs jours, des élus de grandes agglomérations s’insurgent contre un projet d’arrêté du gouvernement visant à légaliser les « dark stores » dans les centres-villes. Dans leur viseur : ces magasins fantômes installés par les entreprises du « quick commerce » pour livrer en quelques minutes des courses commandées en ligne via une application.

Ce jeudi 18 août dans Libération, Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris et chargé de l’urbanisme, fait monter la pression d’un cran, accusant le gouvernement de « reprendre un argument gros-rouge-qui-tache des lobbys » afin de « faire passer cette légalisation en douce ».

Concrètement, il s’agit de modifier, par voie réglementaire donc, le statut des locaux de ces entreprises, en leur octroyant celui de « commerces de détails » contre celui d’« entrepôt », ce qui faciliterait leur installation en cœur de ville.

Paris, Nice, Toulouse…

« Il est très clair que les entreprises du quick commerce ont un relais d’influence extrêmement puissant au ministère de l’Économie, qui fait leur pub. J’étais en veille sur le sujet car au printemps, Bercy a publié un guide sur ces magasins fantômes, à l’intention des collectivités locales, qui reprenait exactement ces arguments », s’étrangle Emmanuel Grégoire.

L’élu parisien est loin d’être seul dans ce combat. « Le gouvernement prépare deux textes réglementaires qui légalisent les ’dark stores' tout en les encadrant, malgré nos demandes d’interdiction faites aux ministères. Aux 'dark stores’ nous préférons son contraire : un commerce local, indépendant et de proximité », s’indigne sur Twitter la maire de Lille, Martine Aubry.

Même chose à Nice où le maire Christian Estrosi, pourtant actif soutien de l’actuelle majorité, monte également au créneau. « Je refuse que la légalisation des 'dark stores’ sacrifie nos cœurs de villes et souhaite que les communes aient le droit d’autoriser ou non l’ouverture de ces établissements », a tweeté l’élu niçois, précisant avoir écrit au ministre de la Ville Olivier Klein à ce sujet. D’autres villes, comme Toulouse et Nantes, ont également exprimé leur hostilité à l’implantation de ces structures.

Interrogé ce jeudi 18 août sur RTL, Olivier Klein assure que le texte sur lequel se basent ces indignations n’est que provisoire. « On est dans une phase de concertation », assure le ministre, considérant que « le statu quo n’est pas possible ». Selon lui, « il faut pouvoir donner aux maires la possibilité d’interdire, ou pas, l’installation d’un 'dark store' dans un quartier ».

« Sujet de société »

« Je serai vigilante à ce que le développement des dark stores ne se fasse pas au détriment du commerce de détail », avait répondu la ministre en charge des PME, Olivia Grégoire, après la première alerte émise publiquement Emmanuel Grégoire. « Si la mairie de Paris souhaite contribuer pour apporter des solutions plutôt que des polémiques sur Twitter, elle est la bienvenue », avait-elle ajouté.

Au-delà des nuisances aux riverains, certains élus s’interrogent sur le signal qu’entend envoyer le gouvernement en travaillant avec ce type d’entreprises. Olivia Polski, adjointe au commerce de la mairie de Paris, y voit un « sujet de société ».

Dans Le Figaro, l’élue socialiste remarque que « le modèle social des 'dark stores’ qui contraint les livreurs à se mettre en danger pour des salaires de misère, est catastrophique ». Dans un courrier adressé à Olivia Grégoire, le député LR Éric Ciotti s’en prend à ces « structures sans âmes » et demande que projet d’arrêté soit supprimé sine die.

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