Défiler avec le RN contre l’antisémitisme ? Même ces socialistes sont gênés par cette idée d’Olivier Faure

Olivier Faure photographié le 12 octobre à l’Élysée (illustration)
LUDOVIC MARIN / AFP Olivier Faure photographié le 12 octobre à l’Élysée (illustration)

POLITIQUE - Marcher contre l’antisémitisme avec un parti dont les statuts ont été déposés par Pierre Bousquet, ancien de la Division Charlemagne de la Waffen SS ? Voilà, en substance, l’idée étrange exprimée ce dimanche 5 novembre par le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, plaidant pour un « rassemblement » qui réunirait toutes les formations du pays.

« J’appelle toutes les forces politiques à dire qu’il n’est pas possible qu’il y ait le moindre acte ou la moindre parole antisémite en France, que les Français juifs ne peuvent pas être tenus pour responsables d’actes qui ont été commis par d’autres juifs ailleurs dans le monde », a déclaré sur Radio J le patron du PS, dans le contexte du regain des actes antisémites en France.

Interrogé pour savoir si l’invitation valait pour le Rassemblement national, le député de Seine-et-Marne a répondu par l’affirmative en posant deux exigences : « Si le RN veut bien répondre à cet appel et faire en sorte de couper avec sa propre histoire et une partie de ses élus. »

Des conditions qui « ne sont pas près d’être remplies », a rapidement précisé son entourage auprès de l’AFP, manifestement conscient du tollé que cette proposition allait provoquer. « Le RN tire ses racines de l’antisémitisme rendant sa présence incompatible avec la marche initiée par le PS », a encore insisté son équipe, indiquant donc que ce qui sonnait comme invitation n’en était pas vraiment une.

« Ressaisissez-vous ! »

Pourtant, c’est bien comme cela que beaucoup l’ont compris à gauche. « Plutôt mourir que de manifester avec le RN ! Ils sont frappés pour toujours du sceau de l’infamie », a dénoncé sur le réseau social X la députée LFI Ersilia Soudais, alors que son collègue insoumis Bastien Lachaud estime qu’Olivier Faure a perdu « toute boussole morale ». Même indignation chez le député LFI du Val-d’Oise Paul Vannier.

« Folie. Jamais nous ne combattrons l’antisémitisme avec un parti fondé par des collabos. Avec un parti dont un des députés vendait avant son élection des ouvrages négationnistes. Avec un parti qui a fait du racisme son fonds de commerce électoral. Ressaisissez-vous le PS ! », s’est-il emporté sur le même réseau social. Lors d’une conférence ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon a aussi condamné la proposition faite par Olivier Faure.

Malaise au PS

Au-delà de la galaxie des insoumis, qui nourrissent des relations glaciales avec les socialistes, la malaise est également palpable au sein du PS. Député de l’Essonne, Jérôme Guedj a également exprimé ses doutes à haute voix. « L’initiative d’une marche proposée par Olivier Faure est salutaire. Mais j’imagine très mal le coup de fil à Bardella pour l’inviter lui et ses amis à manifester contre l’antisémitisme, je suis sûr qu’il n’aura pas lieu », a-t-il réagi.

Adversaire d’Olivier Faure lors du Congrès du PS et aujourd’hui premier secrétaire délégué du Parti socialiste, Nicolas Mayer-Rossignol a également critiqué la proposition faite par Olivier Faure. « Je soutiens cette initiative. Toutes celles et ceux qui combattent l’antisémitisme, et toutes les formes de racisme, doivent être unis. Ils doivent aussi être clairs. C’est la raison pour laquelle il est hors de question, pour ma part, de nous rassembler, de marcher avec le RN », a publié sur X le maire de Rouen.

Et ce dernier d’enfoncer le clou : « Appeler les républicains à s’unir contre l’antisémitisme, le racisme, est une bonne chose. Ne pas être clair vis-à-vis de ceux qui refusent de nommer le terrorisme est une profonde erreur. Accepter de se rassembler avec le RN serait une grave faute ». Ou comment illustrer à merveille cet adage populaire : « L’enfer est pavé de bonnes intentions. »

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