Le déficit public dérape, Bruno Le Maire reçoit l’opposition et leurs propositions pour le réduire

Hausse d’impôt ou baisse du chômage : Ce que proposent les oppositions pour rattraper le dérapage du déficit (ici Cazenave et Le Maire en septembre 2024)
MEHDI FEDOUACH / AFP via Getty Images Hausse d’impôt ou baisse du chômage : Ce que proposent les oppositions pour rattraper le dérapage du déficit (ici Cazenave et Le Maire en septembre 2024)

POLITIQUE - La main au pot. Bruno Le Maire reçoit les différents partis représentés au Parlement ce jeudi 28 mars à Bercy. Un rendez-vous organisé pour parler de la dette, plus précisément du dérapage du déficit public cette année, et pour échanger sur les divers moyens de renflouer les caisses. Ce mercredi soir sur TF1, Gabriel Attal a en effet dit attendre de l’opposition (des parlementaires et des partenaires sociaux) des propositions pour inverser la courbe.

Gabriel Attal, cuisiné sur le déficit public à l’Assemblée nationale, laisse échapper le mot tabou

Après avoir pilonné Emmanuel Macron et le ministre de l’Économie, comptables, selon eux, de ces déboires budgétaires, les leaders de l’opposition sont donc invités à formuler leurs propositions. Spoiler : elles sont sans surprise.

De fait, chaque camp, de la France insoumise au Rassemblement national, reste dans son couloir pour ce débat cardinal. La gauche veut taxer les plus aisés, le président de la République et ses soutiens envisagent plutôt de sabrer dans la dépense sociale, quand l’extrême droite vise les immigrés. Revue d’idées.

À gauche : taxer les riches

À gauche, on plaide à l’unisson pour mettre davantage à contribution les grandes entreprises et les ménages les plus aisés. Tous, des insoumis aux socialistes, en passant par les écologistes, plaident pour une taxation de ce qu’ils appellent les « superprofits » et « superdividendes » et pour le retour d’un véritable ISF, l’impôt sur la fortune qu’Emmanuel Macron a détricoté en arrivant à l’Élysée.

« On dit depuis très longtemps qu’il faut une taxation des superprofits. Si on ne touche pas à l’aspect recette, il n’y a pas de solutions évidentes pour résoudre l’équation », a ainsi expliqué Claude Raynal, le président (socialiste) de la Commission des finances au Sénat sur la chaîne dédiée à la Haute assemblée, mercredi, dans le sillage de ses collègues parlementaires.

Dans ce contexte, les Insoumis se distinguent malgré tout de leurs camarades avec une proposition martelée de plateau en studio depuis plusieurs mois désormais : geler la dette liée au Covid dans les caisses de la Banque centrale européenne (BCE).

À droite : cibler les chômeurs

À droite (comme l’exécutif), on refuse toute idée d’augmenter les impôts, y compris ceux qui seraient ciblés sur les plus aisés. Ici aussi, l’heure est au rappel des fondamentaux et des recettes déjà éprouvées : celle de la réforme de l’État et de la réduction de notre modèle social.

« Il est temps de cesser ces 40 ans de social étatisme », a ainsi soufflé le maire (LR) de Cannes David Lisnard mercredi matin sur France inter, en proposant notamment de « s’attaquer au cœur de l’état profond » et de raboter le nombre de fonctionnaires. Avant lui, Éric Ciotti et Bruno Retailleau proposaient de réduire à nouveau les droits des personnes sans emploi ou de créer une « allocation unique » plafonnée à « 75 % du Smic ».

« Notre modèle social encourage trop souvent le non-travail. Il faut réduire les critères d’indemnisation du chômage pour réfléchir beaucoup de Français vers le travail », expliquait ainsi le président de LR récemment sur CNews.

À l’extrême droite : viser les immigrés

Plus à droite, au Rassemblement national, c’est sans surprise les coûts de l’immigration que l’on demande de réduire. En premier lieu l’aide médicale d’État (AME) qui permet aux sans-papiers d’avoir un filet de sécurité sanitaire. Mais aussi en ciblant la fraude sociale ou en diminuant l’enveloppe donnée par la France à l’Union européenne.

« Il faut s’attaquer à des sujets tabous comme la fraude fiscale et sociale (...) on a des marges de manœuvre sur l’immigration, sur la contribution à l’Union européenne », expliquait ainsi le vice-président (RN) de l’Assemblée, Sébastien Chenu lundi dans la matinale de France 2, comme autant de pistes à suivre.

Dans la majorité, trois nuances de réponse

Face à ces différentes propositions, il est intéressant de noter que le camp présidentiel se divise en trois chapelles. La première, incarnée par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet reprend l’idée portée par la gauche pour récupérer un peu des superprofits réalisés par certaines entreprises.

La deuxième, représentée par le président du Modem François Bayrou, appelle à faire attention à ne pas « casser la croissance. » En d’autres termes : à ne pas se saisir, uniquement, du levier de la dépense publique pour réduire le déficit, au risque de créer encore plus de dégâts. Le centriste plaide plutôt, lui aussi, pour l’hypothèse qui revient à taxer davantage les plus aisés.

Reste la dernière : celle de Bruno Le Maire et d’Emmanuel Macron. Le ministre de l’Économie répète qu’il n’augmentera pas les impôts, conformément aux engagements du chef de l’État depuis 2017, et semble bien plus enclin à viser les dépenses sociales ou les collectivités territoriales. Là aussi, dans son couloir.

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