Défi climatique : urgence pour nos territoires

Photo prise au lac des Brenets, entre la Suisse et la France, le 22 juillet 2022, lors d’un des étés les plus chauds enregistrés dans l’histoire récente française.
FABRICE COFFRINI / AFP Photo prise au lac des Brenets, entre la Suisse et la France, le 22 juillet 2022, lors d’un des étés les plus chauds enregistrés dans l’histoire récente française.

ENVIRONNEMENT - Le lancement de la COP27 à Charm-el Cheik en Égypte, grande messe annuelle et mondiale réunissant de très nombreux chefs d’État doit enfin permettre, il faut le souhaiter, des avancées concrètes dans le domaine de la transition écologique. Il est plus que temps, car, comme vient de le rappeler le Haut Conseil pour le Climat, la France comme la plupart des pays est encore loin d’atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris de 2015.

Incendies canicules à répétition, inondations : l’été que nous venons de vivre a marqué de ce point de vue un réveil brutal pour tous ceux qui pensaient que la crise climatique était soit une vue de l’esprit soit à échéance lointaine.

Le mur est là devant nous, et il y a désormais urgence à passer la vitesse supérieure pour agir.

Il appartient bien à l’État d’agir en tout premier lieu. À ce sujet, nous ne sommes pas de ceux qui diront que rien n’a été fait jusqu’ici. Ce serait inexact et injuste. Nous disons tout simplement que cela reste encore insuffisant au regard de l’objectif ambitieux d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Mais, nous avons une certitude : l’État seul, ne pourra pas tout faire et seule l’implication forte et résolue des collectivités territoriales permettra de relever le défi climatique.

L’évidence est là, c’est par nos territoires que passera la transition écologique.

Cela ne sera pas une chose aisée, du fait du contexte économique qui contribue à dégrader la situation financière de nos communes. Nous avons alerté le gouvernement en septembre dernier lors des Assises des petites villes : le risque de « black-out territorial » est désormais réel si nos collectivités ne sont pas davantage aidées, c’est dire que c’est le fonctionnement même de nos services publics qui pourrait être remis en cause.

Pourtant, nous avons la volonté de faire et de réussir la transition écologique. Nombre d’entre nous n’ont pas attendu l’été dernier et la crise énergétique pour prendre des initiatives et sont déjà engagés dans des démarches de territoires à énergie positive, dans des projets d’autoconsommation collective, dans des plans de rénovation thermique des bâtiments, ou encore de transformation de l’éclairage public, de décarbonation de nos flottes de transports communaux…

L’évidence est là, c’est par nos territoires que passera la transition écologique. Mais il n’y aura pas de transition réussie sans investissements véritablement à la hauteur des enjeux. Le Fonds vert annoncé par le gouvernement doté de près de 2 milliards d’euros va dans le bon sens. Mais il demeure encore insuffisant au regard des besoins.

Dans un rapport publié à la mi-octobre, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) estimait à 12 milliards d’euros les besoins d’investissement des collectivités locales pour opérer la transition. Le même Institut chiffrait alors à 5 milliards d’euros les « investissements climats » réalisés par les collectivités. Il faut plus qu’un coup de pouce, il faut un véritable coup d’accélérateur.

Il n’y aura pas non plus de véritable transition écologique réussie sans acceptation des mesures par la population. Le rôle du maire, premier interlocuteur de proximité, reste incontournable.

Il n’y aura pas non plus de véritable transition écologique réussie sans acceptation des mesures par la population. Dans cette optique, le rôle du maire, premier interlocuteur de proximité, reste incontournable. Car, c’est aussi dans nos territoires, et notamment dans les petites villes, qu’existe le foncier disponible pour développer des énergies renouvelables, et que se trouvent 70 % des emplois industriels du pays, que la dépendance au véhicule individuel est encore la plus forte alors que se déploient les Zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), et donc que se joue une partie conséquente de la réussite ou l’échec de la France quant à la tenue de ses objectifs climatiques.

Nos petites villes sont plus que prêtes à prendre leur part face au plus grand défi du XXIe siècle. Elles ont l’agilité et capacité d’adaptation nécessaire pour faire bouger rapidement les choses sur le terrain. Pour cela l’État ne doit pas les entraver mais tout au contraire être un facilitateur et un accompagnateur des initiatives locales. Qu’il leur donne enfin les moyens de réussir.

Cette tribune de l’Association des petites villes de France est cosignée par : Christophe Bouillon, maire de Barentin et président de l’APVF ; Antoine Homé, maire de Wittenheim et premier vice-président de l’APVF ; les vices présidents Estelle Bomberger-Rivot, maire de Nogent-sur-Seine, Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péages, Francisque Vigouroux, maire d’Igny, Charlotte Blandiot-Faride, maire de Mitry-Mory, Romain Colas, maire de Boussy-Saint-Antoine, Anne Gallo, maire de Saint-Avé, Harold Huwart, maire de Nogent-le-Rotrou, Philippe Laurent, maire de Sceaux, Laurence Porte, maire de Montbard, Pierre-Alain Roiron, maire de Langeais, Igor Semo, maire de Saint-Maurice, Nicolas Soret, maire de Joigny ; les membres du bureau Pierre Aschieri, maire de Mouans Sartoux, Jean-Baptiste Hamonic, maire de Villepreux, Daniel Cornalba, maire de L’Étang-la-Ville.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi