Cyclisme: la Groupama-FDJ peut-elle encore espérer conserver son prodige Lenny Martinez?
Si les usages actuels du monde des transferts dans le cyclisme n'autorisent pas Marc Madiot à évoquer l'avenir de Lenny Martinez avant le 1er août, date officielle de l'ouverture du mercato, le manager général de la Groupama FDJ n'en perd pas pour autant la possibilité de s’exprimer sur la question financière qui pourrait l’amener à accepter la mort dans l’âme le départ dès 2025 de son poulain Lenny Martinez, professionnel depuis l’an passé et couvé toutes ses jeunes années dans la réserve 'conti' de l’équipe française.
"Nous avons des moyens intéressants à la Groupama-FDJ, mais nous ne sommes pas dans la même situation que certains partenaires, sponsors ou États qui sévissent aujourd'hui dans le cyclisme, déplorait à ce sujet Marc Madiot dimanche dernier dans les Grandes Gueules du Sport sur RMC. On a des lois françaises qui nous protègent socialement et de manière cohérente, avec les charges, la sécurité sociale, les bulletins de salaires et autres, sauf que lorsqu'on se retrouve face à des gens qui sont des travailleurs indépendants et des adversaires qui ont des budgets quasiment illimités, ça devient compliqué pour nous."
A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST
Pourparlers avancés avec Bahrain-Victorious et projet de déménagement en Andorre
Dans le viseur notamment de Marc Madiot, la formation Barhain-Victorious qui en dépit de prétendus ennuis financiers a attaqué 2024 pied au plancher en faisant une proposition à Lenny Martinez d’un contrat de trois ou quatre ans avec à en croire certaines fuites dans la presse la promesse de toucher 2 millions et demi d’euros dès la troisième année. Un montant astronomique au regard du salaire de Lenny Martinez qui selon nos informations avait signé en 2023 pour un peu moins de 200.000 euros par an, une rémunération déjà bien supérieure aux 40.000 euros annuels traditionnellement alloués aux coureurs néo-professionnels embauchés dans des équipes World Tour.
Barhain-Victorious a informé dès cet hiver Dries Smets, l’agent de Lenny Martinez, de sa volonté de recruter le coureur âgé de 20 ans. L’agent a alors immédiatement porté la proposition à la connaissance de Marc Madiot, manière de dire avec fermeté que s’il souhaitait conserver sa jeune pépite au delà du 31 décembre, le patron de la Groupama-FDJ devrait sortir le carnet de chèque et revaloriser son coureur. Selon nos informations, les pourparlers avec l’équipe du Golfe seraient déjà avancés. Au point que Lenny Martinez soit même déjà en train de préparer un projet de déménagement en Principauté d’Andorre, pays à faible fiscalité très prisé par les cyclistes français évoluant dans des équipes étrangères comme c’est déjà le cas de Julian Alaphilippe ou de Kenny Elissonde.
Garder Martinez signifierait devoir se séparer d'autres coureurs
"Désabusé comme si c’était déjà plié", "pas très optimiste", "fataliste" selon les termes employés par plusieurs sources consultées par RMC Sport, Marc Madiot semblerait au moins en façade résigné depuis cet épisode vis-à-vis de l’avenir de sa jeune pépite, même si en coulisses, on l’incite à engager des discussions avec ses sponsors pour les convaincre d’augmenter le budget de la structure française dès 2025 afin de s’aligner sur les propositions financières extérieures et ainsi conserver Lenny Martinez dans ses rangs.
Car en l'état, offrir au récent vainqueur du Trofeo Laigueglia ce qu’il demande avec un budget inchangé signifierait quasi obligatoirement devoir se séparer d’autres coureurs, même si la Groupama-FDJ a pu récemment se libérer des rémunérations d’Arnaud Démare (1.8 million d’euros annuels) parti chez Arkea Bnb Hotels, et de Thibaut Pinot (2 millions d’euros annuels) tout fraîchement retraité.
La dimension sportive du projet reste un élément majeur
Par ailleurs, accéder aux revendications salariales du clan Martinez, coureur certes prometteur mais qui n’en est encore qu’aux balbutiements de sa carrière, pourrait être de nature à semer la zizanie dans la maison Groupama-FDJ, structure aux habitudes familiales et à la philosophie bien ancrées.
Quel statut offrir aujourd’hui à un coureur qui deviendrait parmi les mieux rémunérés du peloton? Comment gérer le cas de Romain Grégoire, l’autre pépite de la formation de Marc Madiot? Puisqu’on dit Martinez capable de monter sur le podium d’un Grand Tour dans un avenir relativement proche, demanderait-il à être leader sur le Tour de France en lieu et place de David Gaudu? Comment le Breton accueillerait il la chose, lui qui disposerait par ailleurs selon certaines sources d’une clause de départ à l’issue de la saison en cours même s’il est en contrat jusqu’à fin 2025?
Autant de questions épineuses auxquelles Marc Madiot n’a peut-être pas envie de se frotter sans avoir mûrement réfléchi et disposer de toutes les cartes en mains. Car un prodige de la trempe de Lenny Martinez ne se présente pas tous les jours. Et si son agent Dries Smets n’a pas souhaité donner suite à nos demandes d’interview, il est réputé ne surtout pas négliger la dimension sportive des contrats qu’il négocie pour ses coureurs. "Pas certain en la matière que Barhain-Victorious soit le meilleur endroit où atterrir pour un jeune comme Lenny Martinez", prévient un fin connaisseur du peloton professionnel selon lequel "tout reste encore jouable pour la Groupama-FDJ."