"Crossroads" débarque sur Netflix: pourquoi Britney Spears n'a plus jamais tourné au cinéma

Nous sommes en 2002 et Britney Spears, star planétaire au sommet de sa gloire, franchit la frontière entre musique et cinéma pour tenir le rôle principal de Crossroads. L'interprète de Toxic signe alors sa première et dernière incursion dans le 7e art avec ce road-movie d'apprentissage aux accents teenagers, disponible ce jeudi sur Netflix - 22 ans, jour pour jour, après sa sortie en salles aux États-Unis.

Britney Spears, 21 ans à l'époque, y campait Lucy. Cette jeune femme à la voix d'or à peine sortie du lycée se laissait entraîner par deux copines perdues de vue dans un voyage à travers l'Amérique, dans l'espoir de retrouver sa mère.

La chanteuse, alors en pleine promotion de son troisième album éponyme porté par le tube I'm a Slave 4 U, y donnait la réplique à Zoe Saldaña (Les Gardiens de la Galaxie), Taryn Manning (Pennsatucky d'Orange is the New Black), Anson Mount (Hell on Wheels), Kim Cattrall (Sex & The City) et Dan Aykroyd (S.O.S. Fantômes).

Le long-métrage a connu une trajectoire peu surprenante pour un film à destination des adolescents: des critiques majoritairement assassines (bien que plutôt bienveillantes envers la prestation de Britney Spears) accompagnées d'un score plus qu'honnête au box-office (61 millions de dollars engrangés autour du globe pour un budget de 10 millions, soit une rentabilité de plus de 600%) pour s'ériger quelques années plus tard au rang de classique pour toute une génération de fans.

Une expérience "difficile"

Largement de quoi prédire, si ce ne sont des rôles à Oscar, au moins quelques personnages principaux pour Britney Spears au cinéma - à la manière de Barbra Streisand, Madonna et Cher avant elle, ou Ariana Grande après.

Pourtant, outre quelques rares apparitions symboliques sur petit ou grand écran - souvent dans son propre rôle - l'ancienne petite fiancée de l'Amérique n'a plus jamais foulé les plateaux de tournage pour porter un long-métrage.

Une décision délibérée dont elle ne s'est expliquée que récemment. C'était en octobre dernier, à la sortie de La Femme en moi (JC Lattes), ses mémoires explosives sur les coulisses de sa carrière et sa tutelle:

"L'expérience a été difficile pour moi", y révélait-elle. "Le souci ne venait pas des personnes impliquées dans la production, mais de l'impact que le fait de jouer la comédie avait sur mon esprit."

"Je crois que j'ai commencé à pratiquer le Method acting", poursuivait-elle, en référence à une méthode consistant à se fondre dans son rôle afin de jouer le plus juste possible. "Sauf que je ne savais pas comment sortir de mon personnage. Je suis vraiment devenue cette autre personne (...) Il n'y avait aucune séparation: j'ai fini par marcher, me comporter, parler différemment. J'ai été quelqu'un d'autre pendant des mois pendant que je filmais Crossroads. Je pense qu'encore aujourd'hui, les filles avec qui j'ai tourné ce film doivent se dire que j'étais bizarre."

Un autre projet avorté

"Ce fut le début et la fin de ma carrière d'actrice, et j'en ai été soulagée", déclarait encore la chanteuse dans son livre. Mais elle n'est pas passée loin d'ajouter un deuxième long-métrage à sa filmographie, deux ans plus tard, lorsqu'elle a failli obtenir le rôle principal du drame culte N'oublie jamais. Un film de Nick Cassavetes sur la rencontre amoureuse d'une jeune femme aisée et d'un ouvrier au milieu du XXe siècle, dont elle aurait partagé l'affiche avec Ryan Gosling.

"Le processus de casting de N'oublie jamais est arrivé au point où c'était moi contre Rachel McAdams (qui a fini par obtenir le rôle, NDLR)", révélait-elle dans son livre.

"Je suis contente de ne pas l'avoir fait. Si ça avait été le cas, au lieu de travailler sur mon album In The Zone je me serais comportée comme une héritière des années 1940 jour et nuit."

Si un N'oublie jamais incarné par Britney Spears n'a jamais vu le jour, ses fans ont eu droit à un petit aperçu en octobre dernier. Dans la foulée des révélations de son livre, le Daily Mail a diffusé des images inédites de l'une de ses auditions face à Ryan Gosling.

Rythme de travail effréné

Un autre élément a peut-être participé à ternir son expérience d'actrice. En octobre dernier, la productrice du film Ann Carli s'est remémorée son expérience de tournage à l'occasion d'une projection à Los Angeles. Et a dénoncé des amplitudes horaires de travail éreintantes auxquelles Britney Spears aurait été soumise par son équipe à l'époque:

"(À un moment du tournage), ils ont voulu qu'elle aille enregistrer en studio la nuit après une journée entière sur le plateau", s'est-elle souvenue, comme le rapporte Variety.

"Je leur ai tout simplement dit que c'était hors de question, et que j'arrêterais immédiatement le film, parce que c'était injuste pour elle."

Gloire figée

Crossroads est ainsi l'unique témoin de la tentative sur grand écran de Britney Spears, mais aussi d'une époque révolue: celle où la chanteuse incarnait encore le rêve américain, faisait rêver toutes les adolescentes du monde et s'imposait comme l'héritière de Madonna à qui toutes les portes étaient ouvertes.

Quelques années avant que la machine s'enraye et que la chanteuse soit placée sous la tutelle de son père Jamie, en 2008, faisant de lui le responsable (puis co-responsable après 2019) de ses affaires financières et de sa santé pendant 13 ans.

Article original publié sur BFMTV.com