La crise institutionnelle s’installe au Sénégal après le report de la présidentielle

Il n’était point besoin d’être un grand marabout mouride [confrérie soufie qui joue un rôle religieux, social et politique de premier plan dans le pays] du Sénégal pour savoir que le président Macky Sall, en reportant in extremis la présidentielle initialement prévue pour le 25 février 2024, plaçait son pays dans une zone de turbulences.

En effet, le 9 février dernier, des manifestants sont descendus dans la rue pour clamer, haut et fort, leur opposition à ce qu’ils qualifient de “coup d’État institutionnel”. Mais, comme il fallait s’y attendre, ils ont eu en face d’eux les forces de l’ordre, qui n’y sont pas allées de main morte pour réprimer la manifestation. L’on dénombre pour cette première journée trois morts et de nombreux blessés. On oublie volontiers les nombreux dégâts matériels.

Le Sénégal a donc renoué avec les violences politiques après l’épisode consécutif à l’affaire Ousmane Sonko, du nom du leader du Pastef [Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, parti fondé en 2014 par Ousmane Sonko]. On soupçonnait le pouvoir [de Macky Sall] de manœuvrer pour l’écarter de la course à la présidentielle.

Ce week-end sanglant [des 10 et 11 février] vient s’ajouter aux nombreuses pressions exercées tant de l’intérieur que de l’extérieur sur le président Macky Sall. Mais cela suffira-t-il à faire reculer l’homme ? Rien n’est moins sûr. Car le chef de l’État, tout en se défendant de toute velléité de se cramponner au pouvoir, semble convaincu du bien-fondé de sa décision, qu’il justifie par le souci de donner du temps au pays pour résoudre le différend concernant la disqualification de certains candidats et le devoir pour lui de transmettre à son successeur un pays stable.

Qui pour faire entendre raison aux acteurs politiques ?

La probabilité pour le président Macky Sall de faire machine arrière est d’autant plus mince que l’homme est soutenu par certains acteurs de la scène politique sénégalaise, et pas des moindres, comme Karim Wade, [du Parti démocratique sénégalais, PDS] dont les députés, soutenus par certains députés de la majorité présidentielle, ont œuvré à l’éclatement du conflit avec le Conseil constitutionnel.

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