Crimes contre l’humanité : « La justice c’est opposer l’humanité là où on a fait régner l’inhumanité absolue »
Le Rwanda, le Liberia, le Nigeria, la Côte d'Ivoire, la Syrie… La face sombre de ces régions du globe a occupé pendant dix ans le quotidien de la magistrate Aurélia Devos. Nommée en 2012 à la tête du nouveau pôle « crimes contre l'humanité » du parquet de Paris (qui est aujourd'hui partie intégrante du parquet antiterroriste), la procureure a rencontré des victimes, des revenants et survivants, mais aussi des bourreaux, des commanditaires et des complices de ces crimes perpétrés par des groupes rebelles ou des représentants de régimes déchus, ceux qui se sont fixé pour but la destruction totale ou partielle d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
Elle relate cette « incroyable aventure humaine », intense, mouvementée et passionnante, dans un livre, Crimes contre l'humanité, le combat d'une procureure*.
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Le Point : Poursuivre des crimes commis à l'étranger par des auteurs étrangers sur des victimes étrangères : a priori, ce rôle de la justice française érigée en « gendarme du monde » ne va pas de soi…
Aurélia Devos : La compétence universelle pourrait en effet être perçue comme le souhait de s'ériger en « gendarme du monde ». Je pense que ce reproche n'est pas fondé. En effet, cette compétence en France suppose un véritable lien de rattachement avec notre territoire, à savoir, la présence ou la résidence de l'auteur présumé des crimes. Cette compétence est aussi nécessaire [...] Lire la suite