"Quel est mon crime et qui sont les juges?": Sylvain Tesson répond à la polémique du Printemps des poètes

Invité sur France 2 dimanche 29 janvier, l'écrivain a réagi à une tribune signée par plus de 1200 professionnels de la culture s'opposant à sa nomination en tant que parrain de l'événement culturel.

Invité sur France 2, ce dimanche 29 janvier, pour la sortie de son nouveau livre, Avec les fées, Sylvain Tesson a répondu à une tribune, publiée le 19 janvier dans Libération, s’opposant à sa nomination en tant que parrain de l'édition 2024 du Printemps des poètes.

Dans ce texte, soutenu par plus de 1200 professionnels de la culture, les signataires reprochent à l'écrivain récompensé par un prix Renaudot pour La Panthère des Neiges en 2019, d'être une "icône réactionnaire" et "une figure de proue de l'extrême droite littéraire".

"Moi, je me suis posé une question. Quel est mon crime et qui sont mes juges?", a réagi l'auteur sur France 2.

"Ils ont trouvé un mot qui est le mot du conformisme absolu et qui clôt le débat, c’est 'extrême droite', a-t-il déclaré, "déçu" que ses détracteurs aient employé ce terme face au "vivier" qu'"offre la langue française".

"Ce sont des poètes, je pensais qu'ils useraient de cet extraordinaire magasin de vocabulaire à leur disposition", a-t-il ajouté.

"Je suis une vieille locomotive plutôt qu'une Formule 1"

Sylvain Tesson a ensuite listé les termes qu'il estime plus justes pour définir ses prises de positions: "Je veux bien avouer que j’aime ce qui demeure plutôt que ce qui s’écroule, que je préfère admirer que de me révolter."

"Je veux bien être un rétrograde, un ringard, un rétif. On peut dire que je suis un cheval de labour, que je suis une vieille locomotive plutôt qu'une Formule 1", a-t-il poursuivi.

L'écrivain a également tenu à revenir sur les raisons qui l'ont poussé à accepter d'être le parrain du Printemps des poètes. Il précise avoir été "ébloui" enfant lorsqu'on lui fait découvrir Victor Hugo et expliqué que "c'était peut-être mieux que Mickey".

"Si je peux rendre un peu de la part de cette chance que j’ai eue, aller dans des écoles... Il ne s’agit pas de montrer des poèmes à moi, je n’ai pas cette prétention-là", affirme Sylvain Tesson.

"Normalisation de l'extrême droite"

Pour appuyer leurs accusations, les signataires de la tribune mettent en avant plusieurs préfaces réalisées par Sylvain Tesson dans des romans de Jean Raspail, écrivain monarchiste et catholique traditionaliste, admiré par l'extrême droite pour son ouvrage dystopique controversé Le Camp des saints, sorti en 1973. Dans ce livre, l'auteur décrit une submersion de la civilisation occidentale dont la France, par une immigration massive venue du tiers monde.

Les signataires, dont Baptiste Beaulieu et Chloé Delaume, estiment donc que la nomination de l'écrivain en tant que parrain du Printemps des poètes viendrait "renforcer la banalisation et la normalisation de l'extrême droite dans les sphères politiques, culturelle, et dans l'ensemble de la société".

Pour Sylvain Tesson, cette réaction illustre le conformisme et le rejet de la diversité d'opinion de la part des auteurs à l'origine de cette tribune. "La poésie et la littérature, – enfin c'est ce que je croyais moi, pauvre naïf – c'est précisément l'endroit, le lieu, la patrie, peut-être l'éclat, où tout est permis, où tout est possible, où les choses se contredisent, se rencontrent, se télescopent, s'opposent... Cela s'appelle la liberté."

"Finalement je suis un peu déçu de me rendre compte que ceux qui devraient être des bardes préfèrent devenir des magistrats", a-t-il conclu.

Face à cette polémique, la directrice artistique du Printemps des poètes, Sophie Nauleau, a annoncé sa démission vendredi. Sylvain Tesson a quant à lui notamment reçu le soutien de la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, depuis le festival d'Angoulême.

Article original publié sur BFMTV.com

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