"Un cri": l'histoire du dernier inédit de Johnny Hallyday, dont un extrait a été dévoilé

La voix de Johnny Hallyday résonne encore. Sa maison de disques a dévoilé ce mercredi un extrait d'un morceau inédit du Taulier, intitulé Un cri. Le titre sera à découvrir en intégralité vendredi, dans le cadre de la sortie de Made in Rock'n'Roll, compilation de tubes du chanteur disparu en 2017.

"La voix de cette chanson a été enregistrée en février 2017, à Los Angeles, quelque temps après que Johnny Hallyday a appris qu'il avait un cancer. Une de ses premières réactions, ça a été de vouloir entamer un projet, très rapidement", confie à BFMTV Bertrand Lamblot, ancien directeur artistique de Johnny Hallyday.

"Paradoxalement, à cette époque, Johnny était en pleine forme, et il m’appelait tous les jours, à la recherche de chansons", raconte Yodélice dans un communiqué.

Ce dernier se met alors à "chercher des textes pour pouvoir écrire des chansons dessus", se souvient Bertrand Lamblot. Il sollicite plusieurs auteurs, dont Vincent Walter Jacob, musicien et professeur de musique des filles de Johnny.

Morceau coup de cœur

"Dans le lot des textes que Maxim (Nucci, le vrai nom de Yodélice, NDLR) a proposés à Johnny, il a gardé celui-ci", se souvient Bertrand Lamblot. "Je pense que ce qui l'a séduit, c'est que ce texte à lui tout seul raconte l'histoire de Hallyday et de son rapport à l'Amérique, qui l'a toujours passionné."

Pour enregistrer sa voix, le chanteur suit un processus inhabituel: "Il enregistre des maquettes, lors de sessions totalement informelles, sans un musicien. Seulement Maxim qui vient avec deux ou trois instruments." Un cri se trouve dans le lot. Mais quand vient le moment de choisir les titres de son ultime album, Mon pays c'est l'amour (2018), elle n'y trouve pas sa place:

"On sortait de 'De l'amour' (son album précédent, NDLR), qui était un album assez intime, très resserré musicalement, sombre et folk, pas du tout prévu pour être joué dans des grandes salles."

"Mon pays c'est l'amour venait en rupture avec ça. L'idée était de faire un album beaucoup plus épique, de revenir à cette formulation plus large de la musique de Johnny, avec l'idée de repartir faire des stades." Or, à l'origine, Un cri "était un simple blues. Un blues basique, avec une guitare acoustique et rien d'autre (...) elle n'avait pas vraiment sa place dans ce contexte."

Trésor perdu... puis retrouvé

La maquette se perd alors dans les archives. "Quand Johnny est parti, il a fallu qu'on gère chacun notre peine et notre deuil, le fait de terminer cet album, sa sortie (...) on a oublié cette chanson."

C'est à la faveur d'un changement de direction chez Warner que les archives sont déterrées, et que cette chanson inaboutie est finalement mise au jour. "J'en ai parlé avec Maxim, il avait effectivement la chanson dans ses disques durs, et à partir de là s'est développée l'idée de ce qu'on allait en faire."

Yodélice la repense. "Il a eu un déclic, il a trouvé un endroit où il pouvait emmener la chanson qui a la fois lui semblait pertinent et moderne pour le titre, et à un endroit où l'on pouvait supposer que Johnny aurait adoré."

Quand le blues devient rock

Une formule qui permettait de "ramener Hallyday à ses toutes premières amours de Rock'n'Roll, dans un contexte moderne et dans un contexte français, textuel, où ça pouvait marcher dans l'époque, ce qui était très compliqué à faire. Et on avait trouvé quelque chose là-dedans qui marchait."

Est-ce vraiment le dernier inédit? "À ma connaissance, il n'y en a plus", déclare Bertrant Lamblot. "(Mais) je ne sais pas ce qu'il y a dans les archives d'Universal."

Ce dont il est sûr, en revanche, c'est que cette chanson aurait annoncé une nouvelle ère pour Johnny Hallyday. "Quand on a enregistré les voix définitives de Mon pays c'est l'amour, Maxim est retourné faire d'autres chansons avec d'autres auteurs, on a fait des maquettes et c'était vraiment dans cette direction qu'on allait. On avait fait écouter ces chansons à Johnny qui voulait absolument les enregistrer, et malheureusement on n'a pas pu le faire... Un cri, c'est très certainement là où on aurait été si on avait fait un album supplémentaire."

Article original publié sur BFMTV.com