Crazy Horse : On a rencontré Violet Chachki, première star mondiale du drag à performer au cabaret

CABARET - Bring back my girl. Depuis qu’elle a remporté la septième saison de RuPaul’s Drag Race en 2015, la superstar mondiale du drag Violet Chachki n’a pas seulement défilé pour certains des plus grands couturiers, elle s’est aussi produite pour Dita Von Teese, essayée à la musique et la voici, à compter de ce lundi 24 juin, la tête d’affiche d’une des plus prestigieuses institutions du spectacle françaises : le Crazy Horse.

Comme la reine du burlesque citée plus haut, mais aussi Pamela Anderson, Conchita Wurst ou l’icône du groupe de K-Pop Lisa des Blackpink, la pin-up d’1m83 (sans talons) s’ajoute à la désormais longue liste de guest-stars à s’être glissées parmi les « Crazy girls ». Une grande première pour une drag-queen dans l’histoire du cabaret, fondé en 1951.

« C’est un rêve qui devient réalité », nous a confié Violet Chachki. Depuis qu’elle a commencé le drag il y a une dizaine d’années, le Crazy Horse a toujours été une source d’inspiration. Son goût pour les corsets ultra-serrés ou son style aux confins du glamour et du BDSM peuvent en témoigner. Ses talents de danseuse et d’acrobate, aussi.

Jusqu’au vendredi 28 juin, la performeuse assure dix shows. Dix représentations durant lesquelles elle devra entre autres s’adapter à certains des numéros emblématiques de la compagnie. Le tout, parée de costumes créés sur mesure par Ludovic de Saint-Sernin et Coperni, deux des maisons de mode les plus en vue du moment. À ses pieds : des Louboutin, évidemment.

Violet Chachki, sous pression

« Pour beaucoup de monde, le Crazy Horse célèbre les femmes. Mais pour moi, c’est une célébration de la féminité. Et c’est ce que mon drag a toujours été : louer le féminin sacré », poursuit Violet Chachki. Elle entend le mettre à profit dans ce qui sera sans doute « le show plus préparé » de sa carrière. « D’habitude, je m’occupe de ma tenue, je mets la chanson sur une clé USB et je me lance, explique la danseuse originaire d’Atlanta. Même quand j’ai travaillé avec Madonna, il n’y a pas eu autant de répétitions. »

La pression est grande, pas seulement pour son CV. « Je dois montrer que les drag-queens sont de vraies artistes et qu’elles doivent être prises au sérieux. Je veux que ma communauté soit fière », continue-t-elle. Avant d’ajouter : « À chaque fois que quelqu’un de Drag Race a une opportunité, cela profite à tout le monde. » Comme Jinkx Monsoon, gagnante de la saison 5, qui a fait ses débuts à Broadway, en 2023. Ou Paloma, première reine de l’édition française au casting du spin-off de The Walking Dead.

Entre sa victoire de la compétition américaine de drag-queens et aujourd’hui, la franchise créée par RuPaul s’est considérablement développée dans le monde (16 saisons aux États-Unis, 8 « All Stars » et pas moins de 13 variantes internationales), contribuant à l’incursion de ces artistes dans tous les recoins de la culture. Comme au Crazy Horse, où sa venue participe à moderniser l’image du lieu, Violet Chachky trouve ça « sain et bon d’essayer de nouvelles choses ».

« Haters gonna hate »

Bien qu’elle aime que les projecteurs soient braqués sur elle, pour Violet Chachki, la démocratisation de son art a du bon. « À la fin de la journée, ça fait plus de bien que de mal » à elle, comme aux autres, concède la queen, pour qui le drag a été « un exutoire » lui permettant d’accepter se sentir parfois femme, parfois homme. Celle qui a grandi dans une famille catholique des États-Unis se considère aujourd’hui comme non-binaire.

Mais, les menaces de mort visant Minima Gesté, lorsque la drag-queen parisienne a été choisie pour porter la flamme olympique, rappellent aussi que ce succès vient avec son lot de problèmes et de résistances. Les multiples annulations d’ateliers de lecture animés par des drag-queens, comme en 2023 à Toulouse à cause de l’extrême droite, en témoignent aussi.

Un phénomène logique, selon Violet Chachki. « L’amour et la haine sont la même émotion. Le contraire de l’amour, c’est l’indifférence. Or, on voit bien qu’on les bouleverse. Alors, oui, levez-vous, mettez-vous en colère tant que la violence n’est pas dans l’équation. Parlez de nous », déclare-t-elle. Avant de conclure : « Haters gonna hate. »

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