"Assassins", "vendus" : accueil houleux pour les soignants en renfort en Martinique
Une poignée de manifestants a invectivé les soignants arrivés en renfort pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.
Les renforts continuent d'affluer en Martinique pour aider les soignants à faire face à l'épidémie de Covid-19, qui sévit sur l'île. Le taux d'incidence, bien qu'en nette diminution, reste cependant très élevé, environ 400 cas pour 100 000 habitants. Les hôpitaux sont débordés par l'afflux de malades, notamment en service de réanimation.
"Assassins"
Les soignants arrivés de métropole dans la nuit de jeudi à vendredi à l'aéroport du Lamentin pour prêter main forte ont eu le droit à un accueil hostile de la part de manifestants.
Le personnel soignant qui vient en aide au CHU de #Martinique dans la crise du coronavirus, a été invectivé par des manifestants ce soir à l'arrivée de la délégation à l'aéroport du Lamentin. pic.twitter.com/qP8tTBdbuk
— Martiniquela1ère (@Martiniquela1e) September 10, 2021
Sur cette vidéo tournée sur place et diffusée par la chaîne Martinique la 1ère, on entend des manifestants prendre à partie les soignants, à peine sortis de l'aéroport. "Vous n'êtes pas les bienvenus," "Assassins", "À bientôt sur les plages", "On nous dit qu'on est confiné pour que vous alliez sur les plages" vocifèrent les manifestants.
Des soignants qui viendraient pour profiter des plages ?
Depuis l'arrivée des renforts en Martinique et en Guadeloupe dès la mi-août, certains locaux évoquent la présence à la plage de soignants venus en renforts, notamment cette infirmière guadeloupéenne anti-vaccin, qui partage une vidéo de soignants de métropole sur la plage.
Tout va bien pour les soignants fraîchement débarqués ! Effectivement c est la cata chez nous ! pic.twitter.com/InvKYrszzP
— lynns (@lynns68gwada971) August 12, 2021
"Notre cadre et toute la direction de la mission nous ont dit : vous venez de faire 8 heures d’avion, vous êtes en décalage horaire, certains d’entre vous n’ont pas eu de vacances et travaillent en Covid depuis un an et demi, si c’est pour mettre en danger vos concitoyens ce n’est pas la peine : profitez de vos moments de repos et du cadre que vous offre cette mission", expliquait à la mi-août au Parisien Thibault, venu en Guadeloupe en renfort.
Ces insultes "ne reflètent pas la qualité de l'accueil réservé par la population martiniquaise"
Dans un communiqué, le préfet de Martinique et le directeur général de l'ARS condamnent les propos rappelant que cela "ne reflète pas la qualité de l'accueil réservé par la population martiniquaise à ces renforts".
Le préfet et le directeur général de l’ARS condamnent avec fermeté les propos insultants et menaçants envers les personnels soignants arrivés ce jeudi 9 septembre 2021, en renfort des établissements de santé de la Martinique. pic.twitter.com/JX23EWzq7D
— Préfet de la Martinique (@Prefet972) September 10, 2021
Plusieurs soignants sur place ou ayant été envoyés sur place témoignent du fait qu'il ne s'agit que d'une petite minorité hostile, loin de représenter l'ensemble de la population.
Nous avons été très bien accueilli lors du renfort, ils ne sont qu'une minorité de la population. Et il y a les même en métropole, l aide est nécessaire.
— Piperaceline💉💉 (@chereauceline) September 10, 2021
Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France dénonce de son côté des propos "hallucinants"
Ces images et cette violence, comme ce "vous n'êtes pas les bienvenus", sont hallucinantes. Magnifique comité d'accueil pour ces soignants qui se portent volontaires pour aider... et sauver des vies. https://t.co/4gYNC8e1CU
— Frédéric Valletoux (@fredvalletoux) September 10, 2021
Une défiance vaccinale importante
En Martinique, la défiance vis-à-vis du vaccin est importante, avec seulement 26% de la population avec un schéma vaccinal complet, notamment en raison des différents scandales sanitaires des dernières décennies, notamment le chlordécone.
Avant cet été et l'arrivée du variant Delta en Martinique, on enregistrait 117 morts depuis le début de la pandémie, il y a un an et demi. Depuis le 1er août, 410 décès sont à déplorer sur l'île.
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