Covid-19 : les anti-vaccins sont-ils assez nombreux pour empêcher l'immunité collective ?

Depuis l'allocution d'Emmanuel Macron le 12 juillet dernier, plusieurs dizaines de milliers de Français descendent dans les rues pour protester contre l'extension du pass sanitaire.

Alors que plusieurs dizaines de milliers de Français défilent dans les rues depuis plusieurs jours pour protester contre le vaccin contre le Covid-19 et l'extension du pass sanitaire, le seuil de l'immunité collective est-il devenu inatteignable ?

Le rêve de l'immunité collective est-il est train de s'éloigner ? Depuis le début de la pandémie, l'espoir de l'immunité collective est dans tous les esprits. Avant l'arrivée des nouveaux variants, les spécialistes estimaient qu'environ 60% de la population devait être vaccinée pour atteindre ce fameux seuil, contre 90% aujourd'hui, selon une étude de l'institut Pasteur.

La raison ? L'arrivée de nouveaux variants, et notamment Delta, 60% plus contagieux qu'Alpha, lui-même plus contagieux que le variant qui circulait au printemps 2020 en Europe. Interrogé par La Voix du Nord la semaine dernière, Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et en biostatistique, explique en détail les raisons de ce changement concernant l'immunité collective : "En mars 2020, le R0 du SARS-CoV-2 [taux de reproduction du virus] était de 2,5. Pour calculer le seuil d’immunité de groupe, c’est-à-dire le nombre de personnes qui doivent être immunisées pour que le R effectif reste en dessous de 1 et que l’épidémie ne démarre pas, il suffit de calculer 1- 1/R0, ce qui donne 60% pour le variant d’origine. Avec le variant Delta, ce même calcul (1-1/(2.5x1.6x1.6) donne à peu près 84%. Si vous considérez que le vaccin est efficace à 90%, [...] c’est alors 93 % de la population qu’il faut vacciner."

Comme de nombreux pays d'Europe et du monde, la France connait depuis plusieurs jours une résurgence des nouveaux cas de coronavirus à cause du variant Delta, obligeant l'exécutif à revoir sa stratégie pour éradiquer le virus.

22% des Français encore réticents à la vaccination

Lundi dernier, le chef de l'État a annoncé que la vaccination serait obligatoire pour les soignants et l'extension du pass sanitaire afin d'inciter la population à se faire vacciner contre le Covid-19 et endiguer la 4e vague de l'épidémie. Si ces annonces ont eu l'effet attendu puisque plus d'un million de rendez-vous pour la vaccination contre le coronavirus on été pris en l'espace de quelques heures, elles ont également fait monter la colère des anti-vaccins. Le premier phénomène laisse penser que l'objectif du gouvernement de réaliser 45 millions de premières injections de vaccins contre le Covid et 35 millions de vaccinations complètes d'ici la fin août sera atteint, mais qu'en est-il de l'immunité collective ?

VIDÉO - Dr Christian Recchia : "Je le crie avec force : la vaccination est une obligation"

La dernière enquête CoviPrev de Santé publique France (SPF) révèle que 63% des adultes ont déjà reçu au moins une dose de vaccin et que 15% d'autres ont l'intention de se faire vacciner. Cela représenterait une part de 78% des adultes vaccinés, mais ne signifie pas pour autant que l'immunité collective est inatteignable. Parmi les 22% de Français restant réticents à la vaccination, nombre d'entre eux sont susceptibles de se faire vacciner. Comme le montrent les chiffres depuis le début de la campagne de vaccination, les Français qui y adhèrent sont de plus en plus nombreux. Au mois de décembre dernier, seulement 40% des Français se déclaraient favorables à la vaccination.

2 à 4% d'anti-vaccins

Mais la même enquête de SPF indique que 11% des Français ont une "non-intention certaine" de se faire vacciner contre le Covid-19, mais tous ne sont pas anti-vaccin. Selon l'épidémiologiste Antoine Flahault, ils ne représentent qu'une infime partie de la population. "Les antivax ne représentent qu’une toute petite proportion de la population française, puisqu’on peut l’estimer à moins de 3,5%", déclarait-il à France 24. Pour Jeremy K. Ward, sociologue et membre de la Commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé interrogé par L'Express, le nombre d'anti-vaccins est très difficile à chiffrer, "mais ils pourraient être de l'ordre de 2% à 4% de la population et en additionnant les attitudes anti-sciences, anti-autorités, antivax et les complotistes, ce chiffre pourrait atteindre 10%", ce qui semble correspondre au chiffre de 11% avancé par SPF.

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Évolution de la vaccination et des intentions de se faire vacciner contre le Covid-19 (% pondérés). Enquête CoviPrev, France métropolitaine, juin 2021.
Évolution de la vaccination et des intentions de se faire vacciner contre le Covid-19 (% pondérés). Enquête CoviPrev, France métropolitaine, juin 2021.

Pour atteindre l'immunité collective, il faudrait donc que l'exécutif parvienne à convaincre l'intégralité des Français de se faire vacciner, à l'exception des personnes qui en ont la "non-intention certaine", pour permettre d'atteindre au taux de vaccination avoisinant les 90%. Si la tâche peut sembler difficile, il faut rappeler que le gouvernement peut encore parvenir à faire changer d'avis une partie des personnes qui ont la non-intention certaine de se faire vacciner, à l'exception des antivax, ce qu'il a réussi à faire ces derniers mois. Pour preuve, ils étaient encore 30% dans ce cas au mois de décembre, 20% au mois de mars et ne sont plus que 11% aujourd'hui.

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