Covid-19 : comment les Français ont-ils adhéré à la vaccination ?

Alors qu'ils étaient moins de 50% à vouloir se faire vacciner contre le Covid-19 au mois de décembre dernier, plus des trois quarts des Français auraient désormais l'intention de se faire vacciner.

Au mois de décembre dernier, la France était présentée comme le pays le plus réfractaire au vaccin contre le Covid-19 dans le monde. Six mois plus tard, la donne a complètement changé avec plus des trois quarts de Français qui ont l'intention de se faire vacciner. Comment expliquer ce revirement ?

C'était l'un des grands défis du gouvernement avant le lancement de la campagne de vaccination : convaincre le Français de se faire vacciner contre le Covid-19. S'il est encore bien trop tôt pour affirmer que le fameux objectif d'immunité collective sera atteint, nombreux sont les Français qui ont changé d'avis sur la question de la vaccination.

Au mois de décembre dernier, un sondage Ipsos Global Advisor révélait en effet que seuls 40% de Français accepteraient de se faire vacciner contre le SARS-CoV-2, ce qui faisait de la France le pays où l'on observait de le plus de défiance face à la vaccination dans le monde. Six mois plus tard, les Français sont bien plus nombreux à vouloir se faire vacciner. Selon la dernière enquête CoviPrev de Santé publique France réalisée au mois de mai, plus de trois quarts (76%) des Français se déclarent favorables à la vaccination. Une intention vaccinale qui n'a jamais été aussi haute depuis le début de la campagne et qui ne cesse d'évoluer de mois en mois.

Capture d'écran Santé publique France
Capture d'écran Santé publique France

"Des éléments probants qui parlent à la population"

Pour Caroline de Pauw, sociologue spécialiste des sujets de santé, la tendance s'est inversée grâce aux effets positifs de la vaccination depuis plusieurs mois, notamment dans les Ehpad. "C'est la preuve par les actes. Depuis décembre et le début de la campagne de vaccination, si les gens observent les données rationnelles, ils se rendent compte que par exemple dans les Ehpad, qui étaient les premiers endroits où les personnes âgées étaient touchées et où les taux de mortalité étaient les plus forts, le taux de vaccination dépasse les 90% et il n'y a plus de décès liés au Covid-19 depuis un moment. De même que dans les autres pays qui ont mis en place la vaccination avant nous, on a bien vu que les conditions de vie sont revenues à la normale plus rapidement. Ce sont des éléments probants qui parlent à la population."

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La sociologue évoque également des informations communiquées par les anti-vaccins qui avaient de l'influence mais qui ont montré leur limite : "Les détracteurs de la vaccination avaient aussi prévu des accidents vaccinaux qui ne sont jamais arrivés, ce qui a rassuré la population en termes de sécurité vaccinale. C'est tout une conjonction de facteurs. C'est comme n'importe quelle décision que vous prenez dans votre vie, vous faites une balance entre les avantages et les inconvénients, quand les avantages l'emportent sur les inconvénients, vous y allez. La vaccination n'échappe pas à la règle."

Au fil des mois, de nouveaux avantages se présentent et notamment à titre individuel, avec par exemple le pass sanitaire qui devrait permettre aux citoyens de voyager librement au sein des pays de l'UE. "Il y a désormais des avantages individuels qui viennent faire pencher un peu plus la balance qu'avant lorsque l'argument de la vaccination était la solidarité collective. Là, les gens le font plus parce que ça les intéresse directement", affirme Caroline de Pauw.

Les vaccins ont montré leur fiabilité

Si le taux de personnes qui ont l'intention de se faire vacciner a considérablement augmenté en l'espace de quelques mois, Mounia Hocine, biostatisticienne ayant travaillé de nombreuses années sur la question de la sécurité vaccinale, assure également que c'est grâce à la fiabilité dont on fait preuve les vaccins contre le Covid-19. "Les gens ont de plus en plus confiance en ces vaccins car les effets indésirables sont très rares, on a eu très rarement des cas signalés. Et quand on a eu les cas de thrombose avec AstraZeneca, on a vu la vitesse à laquelle l'enquête a été faite puis les recommandation adaptées derrière."

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Au fil des mois, cette confiance en la vaccination n'a cessé de croitre également grâce à la conscience des gens par rapport à leur entourage, selon l'enseignante-chercheuse au CNAM (conservatoire national des Arts et Métiers) : "Avant, les gens avaient un discours beaucoup plus individualiste et n'hésitaient pas à dire qu'ils ne voulaient pas se faire vacciner mais maintenant, il y a eu une prise de conscience que même si la décision reste individuelle, les répercussions sont sur l'entourage. Si je décide de ne pas me faire vacciner, je suis un danger potentiel pour mes proches vulnérables."

Le discours des anti-vaccin est "démodé"

C'est pour cette raison que le discours des anti-vaccin est devenu "démodé", et ne prend plus comme avant, estime Mounia Hocine : "Au début, quand on entendait les discours des méfiants, les gens qui n'avaient pas beaucoup de connaissances étaient dans la peur, il y avait beaucoup d'incertitudes donc ça venait alimenter leur peur. Mais maintenant avec la confiance, la gestion de la crise, la communication sur les vaccins, les recommandations et la vaccination de masse, tout cela a changé."

Pour continuer à inciter les gens à se faire vacciner contre le Covid-19 et atteindre un jour l'immunité collective, des efforts restent cependant à faire. Caroline de Pauw rappelle la nécessité d'aller chercher ces personnes qui sont, de manière générale, des personnes moins concernées et moins touchées par les formes graves du virus. "Il faut faire un effort et rappeler que ce n'est pas parce qu'on ne meurt pas et qu'on a pas de problème de Covid qu'il faut se passer de la vaccination. Les effets secondaires, on peut en avoir sur le long terme et on est toujours pas à l'abri qu'une 4e vague arrive."

Le rôle des jeunes va être primordial

La directrice de l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) prend l'exemple du Royaume-Uni, où le variant indien circule de plus en plus et inquiète les spécialistes :"On le voit en Angleterre, ils ralentissent la sortie de confinement parce que le virus revient avec un variant, alors qu'on sait que les vaccins marchent plutôt bien sur les variants. Il faut donc rappeler que la vaccination a aussi pour objectif d'essayer de nous prémunir d'une nouvelle vague et de nouvelles contraintes", conclut la spécialiste des sujets de santé.

Pour Mounia Hocine, la mise en place d'un pass sanitaire va contribuer à vacciner des personnes réticentes jusqu'ici à la vaccination. Elle estime également le rôle des jeunes va être primordial pour continuer à convaincre les personnes de se faire vacciner contre le Covid-19. "Si les jeunes font la révolution vaccinale alors qu'ils sont les moins touchés mais qu'ils montrent qu'ils veulent en finir avec cette crise sanitaire, cela va accroître considérablement le taux de vaccination."

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