Covid-19 : pourquoi les patients hospitalisés sont de plus en plus jeunes ?
Depuis plusieurs semaines, le personnel hospitalier observe une baisse de la moyenne d'âge des patients atteints du Covid-19 hospitalisées. Une tendance qui se confirme également chez les patients en réanimation. Explications.
La troisième vague du Covid-19 qui déferle actuellement sur de nombreux départements de France ne ressemble pas aux précédentes. Ces dernières semaines, le personnel hospitalier a observé une baisse conséquente de la moyenne d'âge des patients hospitalisés, des patients en réanimation ainsi que des patients qui décèdent de la maladie.
Ce mercredi matin, sur le plateau de BFM TV, la médecin généraliste Tura Milo évoquait des chiffres conséquents en termes de décès depuis le 1er mars chez les 60-79 ans. 5 800 personnes de cette tranche d'âge sont décédées, soit plus que chez les plus de 80 ans. Depuis cette même date, on comptabilise 2300 morts du Covid-19 chez les 40-59 ans et 612 morts chez les 20-39 ans.
Des jeunes sans comorbidités en réanimation
Citée par La Dépêche, Béatrice Riu-Poulenc, réanimatrice au CHU de Toulouse note que "plus de 60% de [ses] patients ont moins de 65 ans". Le directeur général de l'ARS Île-de-France, Aurélien Rousseau, a affirmé ce mardi que le taux d'incidence des 20-50 ans dépasse les 700 pour 100 000 habitants dans la région et que de plus en plus de jeunes sans comorbidité entrent en réanimation.
Les plus âgés protégés par la vaccination ?
Une tendance que confirme Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale et professeur à la faculté de Médecine à Genève, qui assure sur son compte Twitter que, désormais, la majorité des hospitalisations concernera des personnes de moins de 60 ans qui auront des formes plus sévères, les amenant souvent en réanimation.
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Un profil de malades qui a donc évolué et rajeuni, ce que l'on peut notamment expliquer par le début de la campagne de vaccination qui a permis a vacciner la grande majorité des seniors dans le pays et peut donc expliquer la baisse de la moyenne d'âge dans les services de réanimation du pays. Selon les chiffres communiqués par le gouvernement, plus de 90% des résidents en Ehpad et en unités de soins longue durée ont reçu au moins une dose de vaccin et 71% ont reçu la seconde dose. Concernant les plus de 75 ans, la moitié a reçu une dose et 24% les deux doses.
Le variant anglais plus virulent
Cette différence de moyenne d'âge entre les premières vagues et la troisième ne s'explique pas uniquement par la vaccination. Cela pourrait également venir du variant britannique. Si les scientifiques s'accordent pour dire qu'il est plus contagieux que la souche classique du coronavirus, plusieurs études ont démontré qu'il est également plus mortel. En France, on estime que 75% des patients testés positifs au Covid-19 ont contracté ce variant. Les formes de ce variant étant donc souvent plus graves, des patients plus jeunes sont amenés à être placés en réanimation.
Vidéo - Covid-19 : Comment naît un variant ?
Ce variant qui semble toucher des personnes plus jeunes provoque en effet des formes plus graves, explique le docteur Riu-Poulenc à RFI : "Entre le début des symptôme et la forme grave, il s'écoule normalement sept jours. On a l'impression que le rythme s'est accéléré avant le septième jour. Quand on fait des scanners, on a l'impression d'avoir des formes plus graves. Ce qui implique que nous ayons plus souvent recours à l'intubation avec ventilation artificielle."
Pour Michel Carles, chef du service infectiologie du CHU de Nice, le variant anglais est lié avec cette nouvelle tendance, comme il l'expliquait à BFM TV dès la fin du mois de février. "L'hypothèse qui est formulée est que ce soit en lien avec l'arrivée de ce nouveau variant, car c'est assez synchrone avec les chiffres de surveillance que l'on a. On voit bien que le variant anglais prend la place de la souche européenne, c'est concomitant de l'accélération des entrée à l'hôpital et d'un rajeunissement des patients hospitalisés".
Plus de relâchement chez les jeunes ?
Une des autres raisons évoquées pour expliquer ce fléau est que la population active s'expose plus au virus. Les personnes plus âgées encore en attente du vaccin ferait preuve d'une plus grande prudence en se confinant. Pendant ce temps, les plus jeunes doivent encore se rendre au travail, comme le raconte le médecin réanimateur à l'hôpital Pellegrin de Bordeaux Benjamin Clouzeau à France Info : "La population active, c'est la tranche d'âge qui doit aller travailler, qui fait peut-être un peu moins attention, et s'expose de façon plus importante. [...] Dans l'esprit d'un grand nombre de personnes, le Covid est une maladie grave pour les personnes âgées", ajoute-t-il.
L'épidémiologiste et médecin en Santé Publique Martin Blachier, évoque quant à lui aux Échos "un relâchement chez les jeunes, chez qui le virus peut circuler plus largement."
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