Covid-19 : les erreurs et mensonges de Trump vont-elles le mener à sa perte ?

Donald Trump, le 6 août, lors d'une visite d'usine dans l'Ohio.

Le président américain, qui multiplie les fake news et les erreurs grossières, est en chute libre dans les sondages, à trois mois de l’élection présidentielle.

La dernière boulette de Donald Trump n’est pas passée inaperçue. En évoquant le coronavirus, la nuit dernière, le président américain s’est emmêlé les pinceaux dans des dates historiques pourtant connues. Tout d’abord, le président américain a fait le rapprochement entre le Covid-19 et la grippe espagnole. "La comparaison la plus proche est 1917, disent-ils, la 'Grande pandémie', certainement un événement terrible, où il y a eu entre 150 et 200 millions de morts".

Erreur, puisque la grippe espagnole débute au début de l’année 1918. L’autre erreur est encore plus flagrante. Toujours en évoquant la grippe espagnole, le président américain ajoute : “Ça a probablement mis fin à la Seconde Guerre mondiale, tous les soldats étaient malades. C'était une situation terrible”. Évidemment, Donald Trump fait référence à la Première Guerre mondiale (1914-1918).

Seulement 38% d’Américains satisfaits

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le président américain se fait remarquer par son accumulation d’erreurs grossières comme celles-ci et les fausses informations qu’il est accusé de partager. Au point de s’effondrer dans les sondages.

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Selon le baromètre Gallup, la cote de popularité du président américain s’est effondrée de 11 points entre la mi-mai et la fin juin, avec seulement 38% d’Américains satisfaits. Un autre sondage, publié fin juin, donne le candidat démocrate Joe Biden (50%) avec une avance confortable sur son rival républicain Donald Trump (36%), selon ce sondage réalisé par le New York Times et le Siena College. La cote de popularité de Donald Trump n’avait pas été aussi bas depuis décembre 2017, quand il échangeait des insultes sur Twitter avec Kim Jong-un, le leader nord-coréen.

Sa gestion du Covid-19 pointée du doigt

Depuis le mois d’avril et le début de la pandémie aux États-Unis, l’écart entre les avis négatifs sur sa politique et les avis positifs est passé de 2,5 points à 15 points dans la moyenne des sondages, relève Le Monde. Une action jugée impopulaire qui inquiète le président, alors que l’élection présidentielle est prévue au mois de novembre.

Une courbe de popularité qui s’effondre donc au fur et à mesure que le président Trump enchaîne les boulettes. D’un côté, sa gestion catastrophique du Covid-19 est pointée du doigt. Il lui est reproché de ne pas avoir pris au sérieux la pandémie, ni les mesures suffisantes, refusant d’instaurer un confinement national et poussant les gouverneurs à rouvrir leur État le plus tôt possible. Bilan : une seconde vague de contaminations depuis le mois de juin et plus de 160 000 morts.

Un électorat touché par le Covid

Un bilan qui pourrait peser lourd en novembre dans l’esprit de l’électorat de Donald Trump, essentiellement composé de Blancs de plus de 50 ans peu diplômés. Le président est désormais en difficulté auprès de l’électorat de plus de 65 ans, particulièrement exposé au Covid-19.

Mais au-delà de son manque d’action, ce sont surtout ses propos qui ont marqué les esprits. Après avoir été la risée du monde entier en spéculant sur de possibles traitements à coups d’UV ou “d’injections” de désinfectant, le président a indirectement dû reconnaître une double défaite de sa politique.

Deux défaites symboliques pour Trump

La première, le 21 juillet, en invitant les Américains à porter un masque contre le Covid-19 après avoir entretenu le flou durant des semaines. Son adversaire démocrate, Joe Biden, a prôné le port du masque deux mois plus tôt. Recouvert d’un masque à chaque sortie, le candidat démocrate était même devenu l’objet de moqueries de la part de Donald Trump.

Autre défaite symbolique, deux jours plus tard lorsqu’il renonce à organiser un grand rassemblement républicain en Floride, prévu le 27 août, au cours duquel il devait officiellement être investi candidat républicain pour la présidentielle. Son adversaire démocrate Joe Biden l’avait là aussi devancé, en renonçant à un évènement similaire un mois plus tôt, optant pour une conférence “virtuelle”. Des prises de position de Joe Biden qui pourraient peser dans les esprits des électeurs américains.

Une économie fortement touchée

Le Covid-19 a aussi fortement impacté l’économie américaine. Si Donald Trump met en avant les créations d’emplois lors de ses prises de parole et la baisse du chômage, il passe sous silence la reprise de l’épidémie, qui a ralenti la reprise de l’économie dans plusieurs États.

Des dizaines de millions d’Américains sont toujours sans travail. Le taux de chômage atteignait 10,2% en juillet, contre 3,5% en février, avant la pandémie. Or, l’économie et l’emploi sont des axes essentiels du programme de Donald Trump.

Jugé responsable de la situation économique du pays en raison de sa mauvaise gestion de l’épidémie, Donald Trump mise sur une amélioration de l’économie au troisième trimestre. "La bonne chose c'est que ces chiffres vont sortir juste avant l'élection, donc les gens pourront les voir", a-t-il lancé lors d’un point presse, traduisant sa volonté d’être réélu sur la situation économique du pays.

Censuré par Facebook et Twitter

Autre coup dur pour le président américain, porté par les réseaux sociaux, en marge de la gestion de la pandémie. À plusieurs reprises, Donald Trump a été pointé du doigt pour avoir partagé de fausses informations.

Au point d’être censuré par Facebook et Twitter, début août, après avoir diffusé une “fake news”. Le président américain avait publié sur les réseaux sociaux un extrait d’une interview donnée à Fox News dans laquelle il déclarait que les enfants étaient “presque immunisés” contre le Covid-19. De quoi écorner un peu plus l’image du président américain, qui dispose de moins de 100 jours pour redresser la barre.

Mais d’ici au 3 novembre, la route est encore longue. Et le président devrait pouvoir se reposer sur une base solide des opposants au confinement, qui ont manifesté durant la pandémie.