Covid-19 : l’Italie rouvre ses bars, le Portugal débordé… comment expliquer de telles disparités en Europe ?

Un bar de Madrid, ouvert depuis le mois de novembre.

Le Portugal est le pays le plus touché au monde tandis que l’Italie rouvre ses bars et restaurants.

Les Italiens peuvent, en grande majorité, retourner au restaurant depuis le 1er février. La réouverture des restaurants qui s’accompagne de celles des bars et des musées en journée, a été permise par le passage en "zone jaune" de nombreuses régions.

Une décision qui contraste avec la situation sanitaire d’autres pays comme le Royaume-Uni, l’Irlande, le Portugal ou encore l’Espagne, où la situation est beaucoup plus alarmante.

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4 fois plus de contaminations au Portugal qu’en France

Le Portugal, pays actuellement le plus touché au monde, dépasse les 1 200 cas par million d’habitants depuis le 24 janvier et fait face à une saturation des hôpitaux. C’est comme si la France frôlait les 80 000 contaminations par jour, contre 20 000 actuellement.

Le Royaume-Uni et l’Irlande ont dû décréter un confinement pour endiguer la courbe de contamination, qui a dépassé durant 10 jours les 800 cas par million d’habitants. L’Espagne fait aussi face à une augmentation brutale de la courbe de contamination, qui semble se stabiliser à un niveau moindre que celui du Portugal.

Evolution du nombre de cas de Covid-19 par million d'habitant.
Evolution du nombre de cas de Covid-19 par million d'habitant.

Des contaminations stables en Italie et en Allemagne

À l’inverse, l’Italie et l’Allemagne, n’ont pas dépassé les 300 cas par million d’habitants depuis le début de l’hiver, tandis que la France est à peine à un niveau supérieur, avec une courbe stabilisée autour des 320 cas par million d’habitants. Le graphique ci-dessus montre la stabilité des courbes de contamination en Italie, en Allemagne et en France, contrairement à l’Espagne, au Portugal ou au Royaume-Uni.

Des différences flagrantes de situation que Michaël Rochoy explique par les décisions prises dans ces pays. “Regardez dans quels pays les autorités ont décidé d’ouvrir les bars, restaurants ou les pubs : ce sont ceux qui font face ou ont fait face à un pic de contamination”, lance le docteur en épidémiologie dans tous ces pays. Or “c’est dans les lieux où l’on est sans masque, comme les restaurants et les bars, que l’on se contamine le plus”.

La situation de l’Irlande due à “la mixité sociale accrue”

Plusieurs études, dont une publiée dans Nature ont montré que les restaurants et bars représentent des lieux à haut risque de contamination.

Un constat partagé par l’épidémiologiste irlandais spécialisé dans les maladies infectieuses Mike Ryan. Interrogé par l’Irish Times sur l’envolée du nombre de cas en Irlande, il explique que la situation du pays “n’est pas due au variant britannique du virus mais en raison de la mixité sociale accrue et de la réduction de la distance physique", a ajouté celui qui est responsable des situations d'urgence de l'OMS.

Pris en exemple, le Portugal a dû reconfiner

En Irlande et au Royaume-Uni, les pubs et restaurants étaient ouverts jusqu’à la mi-décembre dans la plupart des cas. En Espagne, avec des différences régionales, bars et restaurants sont ouverts en journée, et ferment à l’entrée en vigueur du couvre-feu, ce qui attire de nombreux Français sur place.

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Situation similaire au Portugal, où les restaurants, bars et musées sont restés ouverts depuis l’été et jusqu’à mi-janvier. Le pays était même cité en référence par la comédienne Jeanne Balibar, mi-décembre sur France Inter, estimant que la situation montrait “qu’on peut parfaitement faire autrement”.

La comédienne Jeanne Balibar estimait que le Portugal était la preuve qu'"on peut faire autrement".
La comédienne Jeanne Balibar estimait que le Portugal était la preuve qu'"on peut faire autrement".

Face à la flambée des cas, le Portugal a décidé de fermer mi-janvier ses bars et restaurants, et a décrété un confinement depuis le 15 janvier.

“Les mauvaises décisions entraînent les situations catastrophiques qu’on connaît aujourd’hui”

“Avec des mesures aussi souples, les autorités ont à la fois relancé l’épidémie en ouvrant des lieux de fortes contaminations, et ont envoyé un mauvais message aux citoyens, ce qui a pu inconsciemment entrainé un relâchement dans les gestes barrières”, ajoute Michaël Rochoy, qui pointe des décisions qui contrastent avec d’autres pays.

“L’Italie et l’Allemagne ont mis en place un confinement strict, sans ouvrir de lieux de fortes contaminations, et le bilan est bon, avec un faible nombre de contaminations”, relève le docteur en épidémiologie qui remarque que “les mauvaises décisions entraînent les situations catastrophiques qu’on connaît aujourd’hui”.

La majorité des Italiens peuvent désormais retourner au restaurant ou au bar avant 18 heures, lorsque le couvre-feu reste en vigueur. Une décision “risquée” pourrait casser les efforts du pays. “Sur un plan sanitaire, c’est une mauvaise idée, et cela pourrait dans plusieurs semaines avoir le même effet qu’en Espagne ou au Portugal, avec un pic épidémique”, redoute Michaël Rochoy.

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