Covid-19: à l'hôpital de Poissy, des soignantes tournaient-elles le dos à Emmanuel Macron?

Une séquence tournée en plan serré, notamment diffusée par BFMTV, laisse penser que des soignantes tournent le dos au chef de l'État, ce qui a suscité des commentaires sur les réseaux sociaux. Le hors-champ laisse entrevoir une réalité différente.

À la veille d'un nouveau tour de vis en Île-de-France lié à la diffusion du Covid-19, Emmanuel Macron s'est rendu ce mercredi au centre hospitalier de Poissy - Saint-Germain-en-Laye afin d'échanger avec des membres du corps médical.

Des images de la rencontre avec cette douzaine de soignants du service de réanimation ont été captées par un pool chargé du suivi de l'Élysée, et ensuite diffusées par plusieurs médias, dont BFMTV. On y voit Emmanuel Macron, avec Olivier Véran à ses côtés, appuyé contre un comptoir abritant des bureaux disposés en U. Des soignants se trouvent dans l'enceinte.

Sur la séquence, tournée en plan tantôt serré tantôt plus large, certains cadrages serrés montrent Emmanuel Macron et le ministre des Solidarités et de la Santé, ainsi que trois soignantes, qui sont les plus proches du chef de l'État. Elles se tiennent de trois-quarts. Les regards se portent sur différents interlocuteurs, au gré des prises de parole. Hors-champ, une dizaine de soignants sont à leurs côtés.

Interprétation erronée

Ces images ont suscité beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux, d'internautes anonymes comme d'opposants politiques. D'aucuns considèrent que les soignantes au premier plan tournaient ostensiblement le dos à Emmanuel Macron.

"Les soignants tournent le dos à Macron. Juste retour des choses quand on sait à quel point il a tourné le dos à l'hôpital public...", a ainsi tweeté le compte du Parti communiste français (PCF).

"J'admire le courage et le stoïcisme de ces infirmières et soignantes, quasi dos tourné, qui encaissent sans broncher le discours d'auto-satisfaction d'un Président arrogant, déconnecté, qui a fragilisé l'hôpital et continue de supprimer des lits", a également écrit le secrétaire national d'EELV Julien Bayou.

Pourtant, la séquence intégrale comporte des plans plus larges, comme l'image ci-dessous, qui montrent que cette perception est biaisée. Différentes prises de vue ont également été faites par l'Agence France-Presse (AFP) et donnent une idée plus précise de la configuration des lieux et du cadrage de certaines images.

"Une image tronquée"

Au ministère de la Santé, on balaye ces commentaires, en dénonçant "une image tronquée". "Honnêtement, vous trouvez qu'elles lui tournent le dos?", a-t-on répliqué au HuffPost.

"Vous avez beaucoup de monde, des caméras, des gens qui s'expriment, vous avez des gens qui sont fatigués. Au moins, ça peut mettre en exergue la fatigue des soignants et le besoin qu'on a de prendre des mesures plus importantes, et à faire attention à notre santé pour nous protéger et les protéger", fait-on valoir de même source.

"On ne sait pas de quoi sera fait demain"

Emmanuel Macron et les soignants ont par ailleurs brièvement échangé devant les caméras. "Est-ce que le moral est bon?", s'est enquis le chef de l'État. "Il tient", lui ont répondu certains.

"Je peux vous dire qu'on sera là et qu'on continuera de prendre des décisions (...) pragmatiques, proportionnées et territorialisées", qui "correspondent à la vie de l'épidémie", afin de "protéger les plus vulnérables et les soignants", a poursuivi Emmanuel Macron au cours de cette rencontre, qui faisait notamment suite à un Conseil de défense sanitaire le matin-même à l'Élysée. "Nous sommes et nous continuerons à être à vos côtés", a-t-il ajouté, avant d'évoquer notamment l'approvisionnement des vaccins.

Dans l'assistance, un soignant a fait part de son inquiétude:

"On est un peu inquiets ces derniers jours (...). Les malades continuent à arriver, ils sont un peu plus jeunes, ils sont graves. Il y a un an c'était un truc extraordinaire, mais je pense que sans mentir on n'a pas envie de revivre ça, les réas temporaires où c'est compliqué, et de voir maintenant des patients un peu plus jeunes qui arrivent très graves, c'est inquiétant", a-t-il formulé.

Selon des témoignages récoltés par BFMTV, l'échange n'a pas convaincu tous les participants. "Il n'y a pas eu de réponse claire. Je ne pense pas qu'il en ait, tout se fait sur la durée", fait valoir Nicolas, un infirmier, qui se dit "pas plus rassuré qu'avant".

"C'est seulement de la communication, tout simplement. On donne des informations, on nous dit plein de choses, mais on ne sait pas de quoi sera fait demain", estime quant à elle Samira Habbani, aide-soignante en réanimation.

Article original publié sur BFMTV.com

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