Coupe du Monde 2034: la FIFA invitée à enquêter sur l'Arabie saoudite, futur pays organisateur du Mondial

L’Arabie saoudite devrait bien organiser la Coupe du Monde 2034, elle qui était le seul pays à avoir déposé sa candidature en octobre 2023 pour accueillir la compétition. Ce mercredi un collectif d'avocats en droit international a demandé à la Fifa d’enquêter sur le royaume saoudien concernant le respect des droits de l’Homme. D'après les informations du Guardian, un document de 22 pages, rédigé par les avocats suisses Mark Pieth, Stefan Wehrenberg et l’anglais Rodney Dixon, qui a représenté la femme du journaliste saoudien Jamal Khashoggi assassiné en 2018, a été envoyé au siège social de la Fifa à Zurich, en Suisse.

Ces hommes de loi exhortent la Fifa à utiliser son pouvoir afin de pousser l’Arabie saoudite à respecter le fondement du droit international aux droits de l’Homme. En mai 2017, le Conseil de la Fifa avait adopté sa propre politique en matière des droits de l’Homme.

Les trois experts pointent du doigt l’absence de liberté d’expression dans le pays, le traitement des prisonniers politiques et des travailleurs étrangers, et les limites des droits et des libertés des femmes. Dans le document, cité par The Guardian, les avocats relèvent quatre domaines dans lesquels l’Arabie saoudite doit faire des progrès. Le royaume saoudien doit d’abord libérer tous les prisonniers politiques et ceux détenus de manière arbitraire, et traiter tous les prisonniers selon les normes des droits de l’Homme. Les avocats souhaite que le gouvernement saoudien n'intervienne pas dans le pouvoir judiciaire du pays. Les experts estiment aussi que le droit du travail saoudien doit impérativement changer afin de permettre aux travailleurs étrangers de quitter le pays ou leur emploi sans demander une autorisation gouvernementale.

Et enfin, le royaume saoudien doit améliorer les droits des femmes en "criminalisant le viol conjugal, en garantissant une protection adéquate contre la violence domestique et en permettant aux femmes d'être la tutrice légale de leur enfant si cela est dans l'intérêt supérieur de l'enfant", cite The Guardian.

Cet état du Moyen-Orient avait déposé sa candidature en octobre 2023 pour organiser le Mondial 2034. Aucun autre pays n’avait proposé d’accueillir la compétition. La monarchie avait donc logiquement remporté la partie. L’Arabie saoudite est très souvent pointée du doigt par les ONG concernant ses pratiques qui vont à l'encontre des droits de l’Homme. En mars dernier, Amnesty International avait dénoncé l’emprisonnement de 12 supporters du club de football d’Al Safa qui avaient scandé un chant chiite lors d’un match. "Les autorités doivent libérer de suite les 12 supporters et abandonner les accusations infondées retenues contre eux. L’Arabie saoudite est actuellement la seule candidate à l’organisation de la Coupe du monde de football en 2034 et cette affaire met en lumière les graves risques qu’encourent les supporters, qui peuvent être poursuivis pénalement en vertu de lois vagues et abusives uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Les fans de foot du monde entier devraient se montrer très attentifs quant au dénouement de cette affaire," avait signalé l’ONG dans son communiqué publié en mars.

De son côté, l’Arabie saoudite fait tout son possible pour redorer son image avec son programme Vision 2030 afin de développer son économie et sa société. L’organisation de grands évènements sportifs comme la Coupe du monde de football est un élément essentiel du programme mené par le prince héritier et Premier Ministre Mohammed Ben Salmane. La candidature de l’Arabie saoudite doit être officiellement déposée d’ici le mois juillet puis l’obtention de la compétition doit être confirmée le 11 décembre après un vote des membres de la FIFA.

Article original publié sur RMC Sport