Coup d’État au Niger : « la menace d’intervention militaire » de la Cedeao doit être prise au sérieux, pour Paris

La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, ici le 22 mai 2023 à Bruxelles.
La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, ici le 22 mai 2023 à Bruxelles.

INTERNATIONAL - À quelques heures de l’expiration de l’ultimatum lancé par les pays africains après le coup d’État au Niger, les putschistes « feraient bien de prendre la menace d’intervention militaire par une force régionale très au sérieux », a prévenu la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna ce samedi 5 août.

Dimanche dernier, la Cedeao (organisation rassemblant les États d’Afrique de l’Ouest) a donné sept jours aux putschistes, soit jusqu’à ce lundi 7 août, pour rétablir dans ses fonctions le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, sous peine d’utiliser « la force ». Une semaine plus tard, la junte n’a pas encore répondu à cet ultimatum.

Pourtant, a souligné Catherine Colonna sur franceinfo, cette menace « est crédible » : les « chefs d’état-major de ces pays se sont réunis pour préparer » un plan d’intervention, et « plusieurs de ces pays disposent de forces robustes et ont fait savoir qu’ils étaient prêts à intervenir si c’était nécessaire », détaille la ministre.

La diplomatie privilégiée

De fait, un responsable de la Cedeao a assuré vendredi lors d’un point presse organisé à l’issue d’une réunion des chefs d’état-major de l’organisation à Abuja au Nigeria que les contours d’une « éventuelle intervention militaire » contre la junte nigérienne avaient été « définis ».

« Tous les éléments d’une éventuelle intervention ont été élaborés lors de cette réunion, y compris les ressources nécessaires, mais aussi la manière et le moment où nous allons déployer la force », a déclaré le commissaire chargé des Affaires politiques et de la Sécurité, Abdel-Fatau Musah.

Les pays membres de la Cedeao
Les pays membres de la Cedeao

Il a toutefois assuré que le bloc ouest-africain continuait à privilégier la voie diplomatique pour résoudre la crise – ce qu’a également affirmé le Bénin, pays voisin du Niger –, même si la délégation de la Cedeao envoyée dans la nuit de jeudi à vendredi à Niamey en est repartie au bout de quelques heures seulement.

Conduite par l’ex-président nigérian Abdulsalami Abubakar, elle n’a pu rencontrer ni le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, ni le président renversé. Elle s’est entretenue à l’aéroport avec des militaires putschistes sur « les dernières propositions de sortie de crise de la Cedeao », fait savoir le quotidien gouvernemental nigérien Le Sahel.

La France va-t-elle intervenir ?

De leur côté, les responsables du coup d’État ont promis une « riposte immédiate » à « toute agression » du bloc ou d’un de ses pays membres.

La France, pays allié du Niger avant le coup d’État, pourrait-elle aider les pays africains en cas d’intervention militaire ? « Nous n’en sommes pas là », a balayé Catherine Colonna ce samedi sur franceinfo, confirmant les propos de la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, interrogée sur BFMTV vendredi.

La ministre a reçu dans la matinée au Quai d’Orsay, le Premier ministre de la République du Niger, Ouhoumoudou Mahamadou, et « a réaffirmé le plein soutien de la France au président Bazoum, élu par le peuple nigérien, et à son gouvernement, qui sont les seules et uniques autorités légitimes du Niger », a-t-elle dit.

Un appel réitéré sur Franceinfo, car « ces putschistes font un mal terrible à leur pays et menacent la stabilité de la région ». Et d’ajouter : « Il est temps pour les putschistes de renoncer à leur aventure. »

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