Coup d’État au Niger : une « prise de pouvoir par la force » dénoncée par la France, que sait-on ?

Au Niger, partenaire privilégié de la France et l’un des derniers alliés des pays occidentaux dans le Sahel, des militaires putschistes ont annoncé ce mercredi 26 juillet soir à la télévision nationale avoir renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021.
Au Niger, partenaire privilégié de la France et l’un des derniers alliés des pays occidentaux dans le Sahel, des militaires putschistes ont annoncé ce mercredi 26 juillet soir à la télévision nationale avoir renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021.

AFRIQUE - Après le Mali et le Burkina Faso, c’est le troisième pays du Sahel à connaître un coup d’État depuis 2020. Au Niger, partenaire privilégié de la France et l’un des derniers alliés des pays occidentaux dans le Sahel, des militaires putschistes ont annoncé ce mercredi 26 juillet soir à la télévision nationale avoir renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021.

« Nous, forces de défense et de sécurité (FDS), réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez », a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane, entouré de neuf autres militaires en tenue. Comment en est-on arrivé là ? Le HuffPost fait le point.

  • « Mouvement d’humeur » de la garde présidentielle

Tout a commencé ce mercredi 26 juin au matin par ce que la présidence nigérienne a qualifié de « mouvement d’humeur » de la garde présidentielle. Celle-ci a retenu le président, et l’armée nigérienne a lancé « un ultimatum » à ce dernier.

Des pourparlers entre le président Bazoum et la garde présidentielle pour tenter de trouver une solution ont eu lieu, sans que l’on sache quelles étaient les exigences des militaires. Ils ont toutefois échoué.

Selon les dernières informations disponibles, Mohamed Bazoum est toujours détenu, ce jeudi 27 juillet au matin, par la garde présidentielle. Les partis de la coalition au pouvoir à Niamey ont dénoncé mercredi « une folie suicidaire et anti républicaine », affirmant que « certains éléments de la garde présidentielle ont séquestré le président de la République et sa famille ainsi que le ministre de l’Intérieur », Hamadou Adamou Souley.

La garde présidentielle a dispersé en fin de journée à Niamey par des tirs de sommation des manifestants favorables au président Bazoum. Les manifestants tentaient de s’approcher de la présidence où le chef de l’État est retenu quand ils ont été dispersés.

  • Institutions suspendues

En fin de journée, les programmes de la télévision nationale ont été interrompus pour la déclaration des militaires. Le coup d’État fait suite « à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale », a justifié le colonel-major Amadou Abdramane. Le Niger est en proie à la violence jihadiste dans plusieurs parties de son territoire.

Le militaire a affirmé « l’attachement » du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie au « respect de tous les engagements souscrits par le Niger », rassurant également « la communauté nationale et internationale par rapport au respect de l’intégrité physique et morale des autorités déchues conformément aux principes des droits humains ».

« Toutes les institutions issues de la 7e République sont suspendues, les secrétaires généraux des ministères se chargeront de l’expédition des affaires courantes, les Forces de défense et de sécurité gèrent la situation, il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s’ingérer », indique en outre la déclaration. Par ailleurs, « les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu’à la stabilisation de la situation » et « un couvre-feu est instauré à compter de ce jour de 22h à 5h du matin sur toute l’étendue du territoire jusqu’à nouvel ordre ».

La déclaration des putschistes semble indiquer que tous les corps de l’armée, de la police, et de la gendarmerie se sont ralliés à la garde présidentielle. À la mi-journée, ce jeudi 27 juillet, le chef d’état-major des armées a annoncé « souscrire à la déclaration » des putschistes.

  • Refus du coup d’État

Le président Mohamed Bazoum, séquestré au palais présidentiel, a assuré ce jeudi 27 juillet sur X que les acquis démocratiques seraient « sauvegardés ». « Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront. »

« Nous sommes les autorités légitimes et légales », a de son côté déclaré sur France 24 Hamoudi Massoudou, chef de la diplomatie nigérienne et chef du gouvernement par intérim en l’absence du Premier ministre qui était en déplacement au moment du putsch.

« Il y a eu une tentative de coup d’État », mais « ce n’est pas la totalité de l’armée qui a engagé ce coup d’État », a assuré M. Massoudou depuis Niamey. « Nous demandons à ces officiers factieux de rentrer dans les rangs. Tout peut s’obtenir par le dialogue mais il faut que les institutions de la République fonctionnent », a-t-il poursuivi.

Il a également lancé « un appel à l’ensemble des patriotes et démocrates nigériens pour qu’ils se lèvent comme un seul homme pour dire non à cette action factieuse qui tend à nous ramener 10 ans en arrière et à bloquer les progrès de notre pays ».

  • Condamnation internationale

Le coup d’État a été dénoncé de toutes parts. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « condamne fermement le changement anticonstitutionnel de gouvernement » au Niger, a fait savoir son porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué. « Le secrétaire général appelle à la cessation immédiate de toutes les actions qui sapent les principes démocratiques au Niger. »

La France « condamne fermement toute tentative de prise de pouvoir par la force et s’associe aux appels de l’Union africaine et de la Cédéao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] pour rétablir l’intégrité des institutions démocratiques nigériennes », a pour sa part réagi mercredi soir la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna.

La Maison Blanche a exigé « spécifiquement que les membres de la garde présidentielle libèrent le président Bazoum et s’abstiennent de toute violence », rappelant que le Niger est « un partenaire crucial » pour les États-Unis. Plus tard, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a conditionné la poursuite du versement de l’aide américaine au Niger au « maintien de la démocratie ».

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