Corrida : les députés refusent son interdiction en commission

Une corrida dans les arènes de Nîmes. (Photo d'illustration) - SYLVAIN THOMAS / AFP
Une corrida dans les arènes de Nîmes. (Photo d'illustration) - SYLVAIN THOMAS / AFP

Les députés ont rejeté une première fois mercredi en commission la proposition d'interdiction de la corrida du LFI Aymeric Caron, qui a peu de chances d'aboutir, mais suscite des débats enflammés et des manifestations le week-end prochain.

Les élus de la commission des Lois ont soutenu des amendements RN et LR pour supprimer le seul article du texte. Ce vote n'empêche pas son examen dans l'hémicycle le 24 novembre, si les délais le permettent, avec un ordre du jour chargé pour parcourir les propositions du groupe LFI.

Sous les protestations, Aymeric Caron a aussitôt dénoncé la "grosse pression des lobbies".

Mettre fin "au sadisme" dont seraient victimes les taureaux

En ouverture des débats, l'ancien journaliste a fustigé la "barbarie" de la corrida, une "cérémonie hypocrite, où l'animal prétendument honoré est massacré avec une précision et un raffinement qui confinent au sadisme".


Dans une ambiance grave, le député de Paris a minutieusement décrit "l'exécution" du taureau. Il a reproché aux élus pro-corrida des "manoeuvres électoralistes" pour "ne pas froisser certains électeurs de régions taurines". Son texte vise à modifier le Code pénal qui punit déjà la maltraitance animale, mais dont les sanctions prévues à l'article 521-1 "ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée". Le député LFI espère ajouter par amendement l'interdiction des combats de coqs encore autorisés dans le Nord ou certains territoires d'Outre-mer.

Le gouvernement s'oppose à l'interdiction

Sa proposition suscite l'embarras dans les groupes politiques, où la liberté de vote est de mise.
Au nom de la défense d'une "tradition culturelle" dans le Sud-Ouest et le pourtour méditerranéen, le gouvernement compte s'y opposer. La secrétaire d'Etat chargée de la Ruralité, Dominique Faure, est annoncée au banc des ministres le 24 novembre, plutôt que le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, passionné de corrida. Devant le groupe Renaissance mardi matin, elle a appelé à ne pas "tomber dans le radicalisme du député" Caron, selon une source parlementaire.

Des députés RN Renaissance divisés

Car le sujet divise les macronistes. En juillet 2021, quand elle n'était pas encore présidente des députés Renaissance, Aurore Bergé avait signé une tribune pour interdire la corrida, jugée "barbare". Mais en commission, la députée Marie Lebec s'est opposée à la "radicalité" de la proposition d'Aymeric Caron. "Quelle sera la prochaine tradition régionale que nous interdirons ?", a-t-elle mis en garde. A l'extrême droite, le RN Timothée Houssin a reconnu les divergences dans son groupe. Il a accusé M. Caron "d'extrémisme" par son "agenda antispéciste" qui pousserait à "interdire" demain "foie gras", "balade en poney", "chasse" puis "pêche tout court".

LFI et EELV unis contre la corrida

Marine Le Pen, qui fait de la cause animale l'un de ses marqueurs, propose depuis plusieurs années d'interdire la corrida aux mineurs. Parfois électrique, la discussion a souvent tourné au pour ou contre Aymeric Caron. A droite, la LR Anne-Laure Blin lui a reproché de chercher le "sensationnel". Elle a défendu une "culture populaire", un "art et une identité régionale", soulignant les "milliers de terres sanctuarisées" grâce à "l'élevage des taureaux sauvages". A gauche, le PS est "partagé", quand LFI et écolos soutiennent l'interdiction.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - La corrida va-t-elle être interdite en France ?