Coronavirus: Craintes en Asie du Sud en cas d'accélération de l'épidémie

CORONAVIRUS: CRAINTES EN ASIE DU SUD EN CAS D'ACCÉLÉRATION DE L'ÉPIDÉMIE

par Asif Shahzad et Abdul Qadir Sediqi

ISLAMABAD/KABOUL (Reuters) - Les autorités sanitaires en Asie du Sud ont fait état lundi d'une forte augmentation du nombre de cas de coronavirus, ce qui fait craindre une accélération de la propagation de la maladie alors que les structures médicales dans la région sont inadaptées.

L'Asie du Sud, qui abrite un quart de la population mondiale, a jusqu'ici été relativement épargnée par le virus en comparaison des pays comme la Chine, la Corée du Sud, l'Iran ou même une grande partie de l'Europe.

Les autorités sanitaires estiment cependant que les mesures prises en Chine pour enrayer l'épidémie ne fonctionneront sans doute pas en Asie du Sud en cas d'accélération de la propagation de la maladie en raison de la pauvreté et du surpeuplement.

"A la différence des pays riches comme les Etats-Unis et la Chine, il sera difficile (d'imposer) des mesures d'éloignement, surtout dans les bidonvilles", souligne Giridhara R Babu, épidémiologiste à l'Institut de santé publique de Bangalore, en Inde.

"L'habitat en lui-même est surpeuplé et il sera impossible de demander aux habitants de respecter entre eux une distance minimale", explique-t-il.

Le Pakistan a enregistré une forte augmentation du nombre de cas de coronavirus lundi, passant de 40 à 94, selon un décompte de Reuters basé sur les statistiques officielles.

La majorité des nouveaux cas se sont produits dans la province méridionale du Sindh et concernent des patients de retour d'Iran, l'un des principaux foyers de l'épidémie dans le monde.

Le nombre de cas en Afghanistan a également bondi à 21 et la plupart ont été signalés dans la province occidentale de Herat, à la frontière avec l'Iran.

Les infrastructures médicales en Afghanistan sont défaillantes du fait de décennies de guerre et il serait difficile de mettre en place une action concertée contre l'épidémie.

Matin Noorzai, grossiste sur l'un des principaux marchés de Kaboul, raconte avoir noté ces derniers jours une flambée des prix des denrées alimentaires et une demande sans précédent alors que les acheteurs s'inquiètent d'une éventuelle pénurie.

"Si la situation continue ainsi, je suis sûr que la semaine prochaine, il n'y aura plus d'aliments sur le marché", a-t-il prédit.

Au Sri Lanka, le nombre de patients atteints de la maladie a pratiquement doublé, passant de 10 à 18. En Inde, il est passé à 110, tandis qu'aux Maldives et au Bangladesh, on recense respectivement 13 et 5 cas.

Pour lutter contre le virus, le Premier ministre indien Narendra Modi s'est engagé dimanche à verser 10 millions de dollars dans un fonds d'urgence régional, tout en appelant les pays voisins à une action concertée.

S'adressant, par visioconférence, à d'autres dirigeants d'Asie du Sud, Narendra Modi a déclaré que l'Inde déploierait également des équipes d'intervention rapide et autres moyens pour faire face à la crise.

L'épidémie de coronavirus, apparue en décembre en Chine, a fait plus de 6.500 morts dans le monde, selon les données officielles.

(Asif Shahzad à Islamabad, Syed Raza Hassan à Karachi, Pakistan, Abdul Qadir Sediqi à Kabul, Storay Karimi à Herat, Afghanistan, Alasdair Pal à New Delhi et Waruna Karunatilake à Colombo; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)