Coronavirus : quand les autorités invitent à la délation

Un policier britannique procède à un contrôle, sur une plage.

En Irlande du Nord, en Nouvelle-Zélande et dans un district de Wuhan, les autorités incitent à dénoncer son voisin, en cas de manquement aux règles ou de suspicion de Covid-19.

Pour faire respecter le confinement, l’Irlande du Nord compte sur le sens de la délation de ses concitoyens. Sur Twitter, les services de police annoncent, ce 10 avril, avoir mis en ligne un outil permettant de signaler tout comportement contrevenant aux règles de confinement.

Sont par exemple visés les “déplacements non essentiels”, les regroupements de personnes ne vivant pas au sein du même foyer ou encore les bars restés ouverts malgré leur fermeture imposée le 28 mars dernier.

Tout signalement est étudié par la police

Alan Todd, responsable de la police, explique l’utilité de cet outil de signalement en ligne. “Nous voulons résoudre les situations où ces restrictions ont été violées sans avoir à recourir aux pouvoirs de police ou infliger des amendes. Cependant, en cas de violation, nous voulons que les membres du public puissent nous le dire aussi facilement que possible”, explique-t-il.

Tout signalement sera étudié par la police nord-irlandaise. L’infraction aux règles de confinement est passible d’une amende de 60 livres (68 euros environ), pouvant être portée jusqu’à 960 livres (1094 euros) en cas de récidive. L’Irlande du Nord recense 82 décès et 1 477 cas de Covid-19, selon un dernier bilan.

Un site dédié aux signalements en Nouvelle-Zélande

Une mesure déjà prise en Nouvelle-Zélande, où un site permettant de dénoncer les violations des mesures de confinement a été lancé. Il a même planté, victime de son succès, quelques heures après son lancement.

Il permet, après avoir renseigné ses coordonnées, de signaler une violation des mesures. Parmi les signalements possibles : les fêtes clandestines organisées, les déplacements interdits ou encore certaines pratiques comme la hausse des prix pratiquée dans des magasins. C’est la Première ministre en personne qui a appelé à signaler les abus sur les prix. Des mesures similaires ont été prises par des villes canadiennes, espagnoles et belges. C’est notamment le cas de Nieuport, Coxyde et La Panne, en Belgique, où les habitants peuvent contacter la police s'ils constatent des infractions liées aux mesures de lutte contre le coronavirus.

Une prime en Chine ?

Le district de Wuchang, à Wuhan en Chine, compte également sur ses habitants, rapporte le Global Times. Selon le journal, les résidents sont invités à dénoncer les patients asymptomatiques, susceptibles d’avoir le Covid-19, ou ceux qui auraient pu avoir des contacts rapprochés avec des malades. Le quotidien évoque même un montant de 200 yuans, soit environ 25 euros, pour les délateurs.

Une mesure prise alors que la ville de Wuhan vient de lever le confinement, après plus de deux mois en vase clos. La ville redoute une possible deuxième vague qui pourrait être portée par les porteurs asymptomatiques, alors que la Chine a enregistré des nouveaux cas importés par des ressortissants de retour de l’étranger.

En France, des appels pour dénoncer ses voisins

En France, les autorités n’ont pris aucune mesure dans ce sens, mais cela n’empêche pas les signalements aux forces de l’ordre. Le journal Le Monde rapporte notamment la parole d’un policier à Saint-Étienne qui regrette que “les signalements qui désignent des personnes précises nous font en général perdre du temps. Ces appels prétendent remplir un devoir civique. En réalité, beaucoup sont liés à des problèmes de voisinage”, explique-t-il.

Même son de cloche dans les DNA, où un agent exerçant dans la région Grand-Est confie : “nous avons des appels incessants de personnes qui dénoncent des regroupements de jeunes ou autre”. Même constat en Gironde fait par le lieutenant-colonel de la gendarmerie Patrice Lacaz, dans Sud-Ouest. "Nous répondons avec pédagogie, mais ces appels qui ne concernent pas des urgences encombrent les standards, et nous avons du mal à traiter les appels véritablement urgents”. Conclusion : n’appelez le 17 qu’en cas d’urgence, et restez chez vous.