Corée du Sud: un think tank suggère de faire commencer l'école un an plus tôt aux filles pour améliorer la natalité
Une proposition qui a de quoi rendre perplexe. Un think tank, ou groupe de réflexion, du gouvernement sud-coréen suggère que les écolières du pays commencent l'école primaire un an plus tôt que les garçons dans le but de faire augmenter la natalité, qui est à la peine dans ce pays d'Asie de l'Est, rapporte notamment The Guardian le vendredi 7 juin.
L'institut de finance publique de Corée du Sud affirme dans ses conclusions que créer une année de différence entre filles et garçons à l'école rendrait les jeunes femmes plus attirantes pour leurs camarades masculins, les filles étant supposément plus intéressées par des garçons plus âgés qu'elles car plus matures.
"Étant donné que la puberté est plus tardive chez les hommes que chez les femmes, l'entrée des filles à l'école un an plus tôt pourrait contribuer à ce qu'hommes et femmes se trouvent réciproquement plus attirants lorsqu'ils atteignent l'âge de se marier", affirment les auteurs du rapport.
"Si la volonté de se marier existe bel et bien, on peut supposer qu'il y a aussi volonté d'avoir une relation avec quelqu'un. Cependant, cela ne conduit pas forcément à des rencontres réussies", avancent ensuite les membres du think tank.
Ces derniers suggèrent en conclusion "pour améliorer cette situation", différentes solutions dont "l'organisation de rencontres, l'amélioration des compétences sociales et le soutien du développement personnel afin d'accroître l'attrait d'une personne pour le sexe opposé".
"Absurde" et "irréfléchi"
La proposition de l'institut sud-coréen a fait réagir dans le pays. Le leader du premier parti d'opposition Lee Jae-myung a notamment dénoncé un rapport "absurde".
"Qu'un tel rapport ait été publié dans un pays démocratique par un institut de recherche géré par l'État qui évaluera les mesures visant à remédier aux faibles taux de natalité à l'avenir, rien de moins, est ridicule", a également déploré le professeur en sociologie à l'université de Hallym Shin Gyeong-a au journal sud-coréen Korea JoongAng Daily.
Un autre enseignant en sociologie à l'université de Jeonbuk en Corée du Sud, Seol Dong-hoon, a dénoncé pour sa part une "proposition irréfléchie" qui va soulever des "inquiétudes quant à la discrimination fondée sur le sexe".
En réponse aux critiques, l'institut sud-coréen, qui est financé par le gouvernement, assure que les conclusions ne reflètent que les avis de leurs auteurs et qu'ils n'engagent pas l'exécutif.
0,72 enfant par femme
Avec 230.000 naissances recensées, le nombre de nouveau-nés a atteint en Corée du Sud en 2023 son plus bas niveau depuis les premières statistiques sur le sujet en 1970, a annoncé Séoul en février.
Le taux de fécondité est lui tombé à 0,72 enfant par femme, loin des 2,1 nécessaires pour maintenir la population à son niveau actuel. Ce taux n'a plus été atteint dans le pays depuis la fin des années 1980.
À ce rythme, et sans recours à l'immigration, la population sud-coréenne devrait se réduire quasiment de moitié d'ici 2100, selon des experts.
Pour lutter contre ce phénomène, la ville de Séoul a notamment dépensé d'importantes sommes d'argent ces dernières années en allocations, en services de garde d'enfant et via une aide pour financer les traitements contre l'infertilité.