COP26 : 5 questions pour tout comprendre sur les enjeux de la déforestation

D'ici 2030, les dirigeants de plus d'une centaine de pays du monde promettent de mettre fin à la déforestation.

À l'occasion de la COP26, les dirigeants du monde se sont engagés à mettre fin à la déforestation d'ici à 2030, afin de protéger le climat. Découvrez tout ce qu'il faut savoir sur ce phénomène qui fait des ravages sur notre planète.

"Il s'agit de la plus grande avancée en matière de protection des forêts du monde depuis une génération". C'est avec ces mots que la présidence britannique de la COP26 s'enthousiasme de l'engagement "historique" de plus de 100 dirigeants à mettre fin à la déforestation et la dégradation des terres d'ici 2030. Des mesures "bonnes pour notre planète, mais aussi pour nos économies", a assuré le Premier ministre britannique Boris Johnson. Mais pourquoi nos forêts sont elles si importantes pour le climat et est-ce vraiment possible de mettre fin à la déforestation ?

  • Qu'est-ce que la déforestation ?

La déforestation est le phénomène de réduction de surface des forêts par l'Homme. On parle de déforestation lorsque les surfaces des forêts sont perdues au profit d'autres usages comme l'agriculture, l'urbanisation ou encore les activités minières.

Selon le rapport sur l'Etat Mondial des Forêts publié par la FAO en 2016, environ 80% de la déforestation mondiale est causée par l'agriculture et les 20% restants en grande partie par la construction d'infrastructures comme les routes ou les barrages puis par les activités minières et l'urbanisation.

  • Pourquoi les forêts sont-elles si importantes ?

Les forêts ont une place primordiale sur notre planète. Après les océans, elles sont les endroits les plus riches en biodiversité et forment de gigantesques puits de carbone permettant de réguler la météo et le climat. Un puit de carbone est un réservoir capable de stocker le carbone naturellement présent dans l'atmosphère, notamment dans le dioxyde de carbone de l'air. Les forêts ont donc la capacité d'absorber le CO2 atmosphérique, gaz à effet de serre considéré comme le principal responsable du réchauffement climatique, et de s'en servir pour croître.

Les forêts du monde séquestrent ainsi environ 861 gigatonnes de carbone, et ont absorbé deux fois plus de carbone qu'elles n'en ont émis sur les deux dernières décennies. La forêt tropicale du bassin du Congo, qui est la deuxième forêt tropicale du monde, affecte les précipitations à des milliers de kilomètres autour du Nil et fournit nourriture, eau et abri à plus de 75 millions de personnes.

En détruisant ces milieux naturels, l'existence de très nombreuses espèces est également menacée et cela peut avoir des conséquences importantes sur les équilibres naturels.

  • Pourquoi l'Homme massacre les forêts ?

La raison principale de la destruction des forêts est financière. S'il y a également quelques facteurs locaux, une forêt morte vaut plus qu'une forêt vivante d'un point de vue monétaire. Au Brésil par exemple, la forêt amazonienne a perdu une partie de sa surface pour la production de bœuf et de soja. En Indonésie, les forêts ont en très grande partie été défrichées pour les plantations de palmiers à huile. Comme le rappelle le Guardian, le café, le cacao, les bananes, les ananas, les feuilles de coca et l'agriculture de subsistance ont entraîné le défrichement de forêts dans de nombreuses régions du monde. La déforestation de masse a d'ailleurs très souvent lieu dans les régions tropicales, qui sont des zones très rentables pour l'agriculture.

  • Peut-on vraiment arrêter la déforestation ?

Si l'objectif est de mettre fin à la déforestation d'ici 2030, la tâche s'annonce très difficile mais pas impossible. Cet accord, qui prévoit de mobiliser 16,5 milliards d'euros pour la protection et la restauration des forêts, a été signé par des pays jugés peu crédibles, selon Sylvain Angérand, Coordinateur de campagne de l'ONG Canopée. Interrogé par France Info, il estime qu'il y a certains pays "dont on peut légitimement douter de leur bonne foi", en citant la République démocratique du Congo et le Brésil.

Il faudrait prendre exemple sur le Costa Rica, qui est le seul pays tropical à avoir réussi à stopper et à inverser la déforestation. Entre la fin des années 2000 et le début des années 2010, le Brésil a également connu un succès considérable dans la réduction de la déforestation en Amazonie mais la tendance s'est inversée notamment à cause de la politique de Jair Bolsonaro.

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Raison de plus de douter de cette promesse : elle n'est pas vraiment nouvelle. Sylvain Angérand rappelle que "la plupart des signataires, dont la France, s'étaient déjà engagés à mettre fin à la déforestation importée en 2020". "Nous n'avons pas atteint cet objectif et nous le décalons simplement à 2030. C'est inquiétant", affirme-il, en reconnaissant que cet accord est un "signal intéressant". De son côté, Greenpeace, estime que l'objectif de 2030 donne le feu vert à "une décennie supplémentaire de déforestation".

  • Pourquoi les autochtones sont importants dans la protection des forêts

Selon plusieurs études, les autochtones sont les meilleurs protecteurs des forêts. Après examen de plus de 250 études, l'ONU a révélé qu'en Amérique latine, les taux de déforestation étaient plus faibles sur leurs territoires qu'ailleurs. Pendant deux ans, à l'occasion d'une étude, des capteurs ont été utilisés pour alerter les communautés indigènes du Pérou de la déforestation précoce et une diminution globale de la perte d'arbres de 37% a été observée, par rapport au groupe témoin. Les chercheurs pensent donc que si ces capteurs étaient plus utilisés, cela pourrait avoir un effet important sur la réduction de la déforestation.

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