Contre la réforme des retraites, le renseignement territorial craint des « modes d’action imprévisibles »

Protestors hold trade unions flags during an interprofessional mobilisation on wages and employment in Paris on January 27, 2022. (Photo by Thomas SAMSON / AFP)
THOMAS SAMSON / AFP Protestors hold trade unions flags during an interprofessional mobilisation on wages and employment in Paris on January 27, 2022. (Photo by Thomas SAMSON / AFP)

RETRAITES - La réforme des retraites est enfin passée ce 10 janvier, mais quelles vont être les répercussions dans la rue ? C’est la question qui inquiète les autorités, alors que le climat social s’annonce particulièrement tendu. Dans une note du renseignement territorial du 6 janvier, que Radio France et BFMTV ont pu consulter, les policiers font part de leurs préoccupations.

Selon eux, « la rentrée sociale 2023 s’annonce très tendue » car cette réforme arrive en plein contexte social déjà très tendu. Ils craignent ainsi « la colère du corps social, qui pourrait se mobiliser largement dans le prolongement des annonces du gouvernement. » Le fruit d’une accumulation des revendications « dans le public comme dans le privé », écrivent-ils.

Baisse du pouvoir d’achat en raison de l’inflation, hausse du prix du carburant, la période des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires qui va commencer dans les entreprises et risque de provoquer des « mécontentements », ceci en comptant que la hausse du point d’indice dans le secteur public en juillet dernier a déjà été jugée insuffisante.

Une accumulation dangereuse

« Si la population ne se mobilise pas en nombre pour l’instant, la poursuite de la dégradation du pouvoir d’achat, couplée à des réformes mal perçues, pourrait conduire à une nouvelle mobilisation citoyenne d’ampleur », prévient le renseignement.

« Le désarroi de nombreux professionnels, particulièrement les petits artisans de l’alimentaire, est désormais palpable. (...) Des initiatives de corporations, pourtant peu habituées à se mobiliser et agissant sous forme de collectifs, voient désormais le jour, avec par exemple une manifestation des artisans boulangers prévue à Paris le 23 janvier. »

Il faut dire que la hausse des prix de l’énergie pénalise de nombreuses activités, dont la rentabilité est aujourd’hui menacée.

Craintes de « modes d’action imprévisibles »

Le renseignement territorial s’attend à ce que la contestation se traduise par des « modes d’action disruptifs et imprévisibles », « moins structurés », comme les récentes mobilisations des contrôleurs SNCF et des médecins libéraux. Une possible « large mobilisation des salariés », ou encore des « grèves de longue durée entravant certains secteurs clef de l’économie ».

Les policiers pensent que ces modes d’action pourraient entraîner « une certaine surenchère revendicative » des syndicats, de crainte d’être « dépassés par leur base ».

Les syndicats ont déjà annoncé qu’ils manifesteraient contre cette réforme, sans encore choisir de date précise. Rien n’a encore été fixé quant à la mobilisation des jeunes et celle de collectifs « en dehors de tout cadre syndical ». Le service de renseignement envisage aussi que les « gilets jaunes » puissent se joindre à la contestation.

« Plusieurs mouvements ont été initiés par des collectifs de travailleurs, en dehors de tout cadre syndical. Ce mode de défense des intérêts professionnels semble de plus en plus plébiscité par les salariés, au détriment des traditionnelles actions engagées par les syndicats » est-il écrit dans la note.

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