Contraception : ce gel vaginal pourrait-il un jour remplacer la pilule ?

School nurse giving sex education
Peter Dazeley / Getty Images School nurse giving sex education

CONTRACEPTION - Imaginez, l’espace d’un instant : une contraception féminine simple à utiliser, très efficace et surtout, sans effets secondaires… Un doux rêve ? Pas selon les chercheurs suédois du KTH Royal Institute of Technology qui travaillent sur un gel contraceptif vaginal et sans hormones. Les résultats des tests précliniques ont été publiés dans la revue Science Translational Medicine et montrent une efficacité de 98 %.

Mais comment ce gel fonctionne-t-il ? Il renforce en fait un mucus naturel qui existe déjà dans l’appareil génital féminin : la glaire cervicale, sécrétée par les glandes du col de l’utérus et qui fait office de barrière entre le vagin et le col. Le gel permet de l’épaissir et empêche ainsi les spermatozoïdes de passer. Le tout grâce à un polymère habituellement utilisé comme complément alimentaire et extrait des carapaces des crustacés, le chitosan.

« Le chitosan est délivré dans le vagin via ce gel et interagit avec le mucus présent dans le canal cervical. Une fois en interaction, la glaire devient une meilleure barrière pour les spermatozoïdes, empêchant leur passage dans l’utérus et la fécondation », décrit le coauteur de l’étude, Thomas Crouzier, à Libération.

Surtout, ce gel serait applicable en quelques secondes, jusqu’à quelques heures en amont d’un rapport sexuel incluant une pénétration vaginale. Dans un communiqué de presse accompagnant l’étude, les chercheurs promettent un effet qui « pourrait durer des heures, mais diminuer au fil du temps, à mesure que la barrière de mucus est remplacée naturellement ».

Efficace et sans hormones

Mais ne crions pas victoire trop vite : ce gel doit encore être testé sur des êtres humains. Les essais cliniques devraient voir le jour dans les années à venir. Pour l’instant, le gel a été testé sur des… brebis. N’y voyait pas une hérésie : elles ont été choisies car leur cycle menstruel et leur appareil reproducteur sont assez proches de ceux des humains

Une seule brebis sur huit, testées en période d’ovulation, avait deux spermatozoïdes dans son utérus après une insémination artificielle d’un milliard. « Le gel a entraîné une diminution moyenne de 98 % du nombre de spermatozoïdes dans l’utérus », précise l’étude.

Une efficacité proche de la pilule, fiable en théorie à 99,7 %. Mais l’efficacité de cette dernière tombe à 91 % en pratique, en raison des oublis ou des interactions avec d’autres médicaments, selon le site Passeport Santé. La pilule et les autres contraceptions hormonales peuvent par ailleurs entraîner des effets secondaires, comme des sautes d’humeur, une diminution de la libido, des douleurs aux seins, des nausées ou encore des maux de tête.

Appeler à remplacer la pilule ?

Selon le baromètre de la santé en France de 2016, la pilule reste le moyen de contraception privilégié des femmes puisqu’elles étaient 33,2% à l’utiliser cette année-là, contre 40,8 % en 2010. Une diminution en lien avec le scandale autour de la pilule Diane-35, en 2013, aujourd’hui suspendue du marché en raison d’un risque accru de formation de caillots sanguins.

En parallèle, les femmes ont été nombreuses à se tourner vers le Dispositif Intra Utérin, plus couramment appelé (à tort, car il ne rend pas stérile) le stérilet, qu’il soit hormonal ou en cuivre. Les Françaises étaient 25,6 % à l’utiliser en 2016, contre 18,7 % en 2010.

Mais même le stérilet en cuivre, sans hormones, présente des effets secondaires, comme l’augmentation de la durée et de l’abondance des règles, ainsi que des douleurs plus importantes.

Quid de ce gel ? Reste à savoir s’il marche correctement sur les humains. Un autre gel vaginal existe déjà : le Phexxi, commercialisé aux États-Unis depuis 2020, qui agit sur le pH du vagin, en le rendant plus acide. Mais selon un article de Madmoizelle, il est seulement efficace à 86 % et une boîte de douze doses coûte… 267,50 $.

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