Consultation sur les sanctions contre la Russie : “une bombe sur la société hongroise”

Sur la couverture choc de son édition du jeudi 21 octobre, l’hebdomadaire de centre droit Magyar Hang détourne le visuel et le slogan de la “consultation nationale” autour des sanctions européennes contre la Russie, lancée le 14 octobre en Hongrie. Une manière de critiquer cette initiative controversée, inédite au niveau européen. Alors que le gouvernement national-conservateur de Viktor Orban affirme que “les sanctions de Bruxelles détruisent” la Hongrie – aggravant l’inflation et la crise énergétique –, le magazine rétorque que “la guerre des Russes nous détruit”, en lettres majuscules.

Sur la bombe figurant au centre de l’image, les noms de Viktor Orban et Vladimir Poutine remplacent le mot “sanctions”, inscrit sur les projectiles des affiches originales placardées dans l’ensemble de la Hongrie. En réunissant le dirigeant hongrois et le président russe sur une bombe, Magyar Hang rappelle leur proximité depuis l’accession au pouvoir d’Orban, en 2010. Scandalisé par les “mensonges de la propagande gouvernementale” et une campagne officielle jugée “ignoble”, l’hebdomadaire dénonce des affiches “manipulatrices” et “de mauvais goût”, avec lesquelles le pouvoir actuel “jette une bombe sur la société hongroise”.

“Orban essaie d’implanter cette idée selon laquelle des négociations de paix doivent être ouvertes sans condition, non pas entre l’Ukraine et la Russie, mais entre les États-Unis et le criminel de guerre Poutine. Pendant ce temps-là, l’Ukraine et ses 40 millions d’habitants doivent attendre sur un pouf dans le vestibule que les grands s’entendent et redessinent sa carte”, assène un éditorial.

“En tant que Hongrois, que penserions-nous si un criminel de guerre agresseur occupait quatre de nos régions de l’Est puis bombardait Budapest, mais que les grandes puissances s’entendaient sans la Hongrie sur son avenir ?”

Interrogé par Magyar Hang dans un autre article, un spécialiste de la Russie dénonce l’équilibrisme de Budapest. D’un côté, Viktor Orban “compare Imre Nagy [chef du gouvernement de la République populaire de Hongrie exécuté en 1958 pour avoir retiré le pays du pacte de Varsovie et exigé une démocratie parlementaire] à Volodymyr Zelensky dans son récent discours de Berlin”. De l’autre, “le ministre des Affaires étrangères se rend à Moscou pour négocier avec des dirigeants russes sous sanctions”. Selon l’expert, “l’heure est venue” pour la Hongrie de “décider dans quel camp elle se situe”, car “ce genre de manœuvre ne marche pas en temps en guerre”.

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