Confrontation nocturne avec Francis Bacon

Yannick Haenel, seul à l’exposition Francis Bacon. - Credit:
Yannick Haenel, seul à l’exposition Francis Bacon. - Credit:

La migraine, comme la foudre, frappe qui elle veut. Elle est tombée sur l'écrivain Yannick Haenel quelques instants après son entrée au Centre Pompidou, où il devait s'enfermer pour la nuit en compagnie des œuvres de Bacon alors exposées. « Bacon provoque ça chez celui qui le regarde : il lui cisaille les yeux », constate Haenel. Le voici donc, au crépuscule de cette nuit unique et tant attendue, obligé de gober deux comprimés d'un antalgique à base d'opium. Après une brève sieste, la douleur s'est envolée. « Cette nuit à l'intérieur du Centre Pompidou [a] pris l'allure d'une traversée flottante », écrit l'auteur. Revigoré, planant un peu, il nous entraîne dans une nuit aussi vivante et folle que la peinture autour de lui.

Déluge. De chapitre en chapitre, Yannick Haenel détaille les tableaux qui ont arrêté son œil. Il nous livre ses connaissances, ses impressions, ses sensations devant la peinture, il s'en donne à cœur joie dans le musée (il raconte y avoir couru de salle en salle en riant !) et dans le livre, rédigeant par exemple un chapitre six formé d'une seule phrase, convulsive, étourdissante, tout entière dédiée à l'art de Bacon, dont elle est le miroir. La vie de Yannick Haenel se raconte en pointillé dans ce déluge de couleurs, de formes et de mouvements : son enfance africaine lui revient, traversée par les ombres d'un marabout lanceur de maléfices et d'un renard chamanique. Lui-même un peu sorcier, Yannick Haenel nous donne ici, littéralement, no [...] Lire la suite