Confiant son "exaspération", Jean-Luc Mélenchon assure qu'il "tiendra bon" malgré sa "diabolisation"

Dans un entretien à l'Agence France Presse, l'ancien candidat à la présidentielle se livre sur l'actualité et le jeu politique actuel.

Jean-Luc Mélenchon confie dans un entretien à l'Agence France Presse son "exaspération" de se voir "diabolisé" par la macronie, les droites et jusqu'à ses partenaires de la Nupes. Il assure qu'il "tiendra bon" tout en voulant "continuer son retrait" à la rentrée.

Dernier vendredi de juillet, sur la route des Vosges où Jean-Luc Mélenchon va soutenir un militant LFI dont la maison a été incendiée. L'ancien candidat à la présidentielle, habitué et même amateur des joutes politiques, ne cache pas un profond dépit. La colère, qui enflamme ses discours de meeting, est ici froide, mûrie, remâchée.

"Banalisation de la violence"

Cette "tentative d'assassinat", l'un des motifs de l'information judiciaire ouverte par le parquet d'Epinal, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase après une année compliquée pour Jean-Luc Mélenchon, entre affaire Quatennens, fronde de figures insoumises et tensions sans fin au sein de la coalition de gauche Nupes.

Pour lui, elle est l'aboutissement d'une "ambiance de banalisation de la violence". Les élus insoumis reçoivent des menaces "innombrables", la dernière en date cette semaine visant le député Thomas Portes.

"En ce moment c'est plein pot", "tous nos copains sont dans l'exaspération", soupire Jean-Luc Mélenchon qui date le début de cette période aux émeutes - les "révoltes urbaines" dans sa bouche -, pendant lesquelles il a été accusé de ne pas avoir appelé au calme.

Niant véhiculer toute violence dans son comportement et ses méthodes, il s'est justifié auprès de ses troupes vendredi: "Croyez à la vertu de la polémique, de l'excès de langage. Car il faut substituer à la violence physique la violence de la parole" qui n'est que "croiser le fer des idées".

A l'inverse, la majorité présidentielle est selon lui coupable de "créer une ambiance qui nous met une cible" dans le dos: "tous ceux qu'elle désigne à la vindicte sont attaqués ensuite par la fachosphère". En outre, les macronistes "prennent nos mots, parlent d'arc républicain. Rien de tout ça n'est une discussion. C'est une bataille rangée", observe Jean-Luc Mélenchon.

De part et d'autre de la tranchée, "tout le monde contre nous", avec l'objectif d'obtenir, assure-t-il, un "front républicain de type Ariège", où LFI a perdu une élection législatives partielle face à une candidate socialiste dissidente soutenue par le camp présidentiel. Bref "la diabolisation des insoumis".

Et celui qui a trois élections présidentielles au compteur de souffler: "La lutte aujourd'hui a un côté implacable, c'est sans fin".

"Illusion"

Finissant de l'acculer, les querelles intestines avec le PS, EELV et le PCF augmentent à mesure qu'approchent les élections européennes de 2024 - et avec elles la potentialité d'un rééquilibrage du rapport de force au profit de ces alliés.

L'ancien socialiste affirme qu'il ne "se pose pas trop de questions sur la gauche" avant de livrer ce qui pour lui est le fond du problème: non pas les égo mais "une divergence stratégique".

Lui veut convaincre les abstentionnistes tandis que les socialistes, communistes et écologistes, avance l'ancien candidat à la présidentielle, "croient à l'existence du centre-gauche, une illusion. Il faudrait que les classes moyennes soient ascendantes, mais elles régressent, la panique gagne".

Aux européennes, "si on est en tête devant tout le monde, on ouvre une séquence jusqu'en 2027 en étant leaders, ça change tout", dit-il. Les sondages donnent pour certains une liste Nupes, improbable après la désignation de chefs de file écologistes et communistes, au coude-à-coude avec Renaissance et le RN.

Malgré le tableau sombre qu'il vient de dresser pour les perspectives insoumises, Jean-Luc Mélenchon bombe le torse: "Il y a des phases où il faut tenir bon", notamment sur la police et l'union de la gauche, car à long terme "des milliers de gens voient qui a tenu bon".

La ligne de crête avec une autre promesse est difficile à tenir, laisser la place en vue de la présidentielle de 2027. A la rentrée? "Je vais essayer de continuer mon retrait. Ca n'a pas été facile" cette année, sourit-il, face à l'accumulation des crises qui ont secoué le pays, la gauche et les insoumis.

Article original publié sur BFMTV.com

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