"Conduisez comme une femme" : les hommes sont-ils vraiment plus dangereux au volant ?

"Conduire comme une femme veut dire une seule chose, rester en vie". Dans sa dernière campagne, qui s'affiche notamment dans les couloirs du métro parisien, l'association Victime et Citoyens a choisi un slogan choc pour faire passer son message.

Son objectif, "initier une prise de conscience au sein des conducteurs masculins pour provoquer un changement de mentalité et donc de comportement", souligne dans un communiqué Victimes et Citoyens, une association de soutien aux victimes de la route, qui cherche aussi à créer une prise de conscience des dangers routiers.

92% des conducteurs alcoolisés impliqués dans un accident sont des hommes

Car dans les faits, les hommes sont à l'origine de davantage d'accidents au volant. Selon les chiffres de la Sécurité routière, 84 % des responsables présumés dans des accidents mortels sont des hommes. Des hommes qui sont aussi davantage victimes puisque sur la route, huit morts sur dix sont de sexe masculin.

Des hommes qui sont aussi davantage imprudents au volant, et n'hésitent pas à prendre le volant après avoir consommé de l'alcool : 92 % des conducteurs alcoolisés impliqués dans un accident sont des hommes, toujours selon la Sécurité routière.

Cibler le comportement des hommes, un axe de communication récent

Ce n'est pas la première fois qu'une telle campagne de prévention sur la sécurité routière à destination des hommes est lancée. Depuis deux ans, la Sécurité routière a également choisi cet axe de communication pour sensibiliser la gent masculine sur son comportement au volant.

Durant la campagne de communication, un clip a été diffusé à la télé, au cinéma et sur internet, dans lequel on voyait des pères qui rencontrent leurs fils pour la première fois en salle d'accouchement, avec un message à ces jeunes pères : "soyez l'homme que vous voulez être mais soyez un homme vivant".

67% des points retirés le sont à des hommes, qui conduisent autant que les femmes

Des chiffres éloquents qui ne sont pas dûs à une part d'hommes plus important au volant, ou à des trajets plus longs réalisés par les hommes. "Aujourd'hui on est sur un kilométrage égal en terme de voiture, donc non, les hommes ne parcourent pas plus de kilomètres que les femmes", expliquait sur RMC Florence Guillaume, déléguée interministérielle à la sécurité routière, estimant d'ailleurs que les femmes représentent environ 48% des automobilistes. Une étude TNS Sofres parue en 2012 estimait que le kilométrage annuel des utilisatrices principales d’une voiture (11 200 km) est pratiquement le même que celui des hommes (12 500 km).

Autre chiffre éloquent, qui remonte à 2016 : sur 13 179 802 points de permis retirés, 8 850 556 l’ont été à des hommes, soit 67 % des points retirés. Conséquence : 90,5 % des permis probatoires rendus nuls en raison d’infractions étaient possédés par des hommes, contre seulement 9,5 % par des femmes. Moins criante, mais toujours disproportionnée, la répartition du nombre des infractions ayant entraîné un retrait de points : 64,7 % pour les hommes, contre 35,3 % pour les femmes.

La faute aux stéréotypes

Comment expliquer un tel écart entre hommes et femmes ? La faute aux stéréotypes, selon une étude menée par les sociologues Cyrille Dupré-Gazave et Alain Mergier, commandée par la Sécurité routière : aux femmes les "postures de prudence" et le "déficit de maîtrise", aux hommes la "virilité démonstrative" et la "minoration de la perception des risques. "Les stéréotypes de la masculinité ressortent au volant et ne favorisent pas la prudence", estime la sociologue auprès du Point.

Un comportement plus dangereux des hommes que des femmes au volant qui n'est toutefois pas propre à la France. Outre-Manche, le journal The Guardian s'est intéressé aux collisions impliquant un véhicule et un piéton, durant 18 mois. Plus de 4 360 hommes contre seulement 1 473 femmes ont été impliqués dans ces accidents.