TOUT COMPRENDRE - Pourquoi les acteurs d'Hollywood sont-ils en grève?

C'est une crise que le monde du septième art n'avait pas connue depuis des dizaines d'années à Hollywood. Le syndicat des acteurs SAG-AFTRA a annoncé le début d'une grève qui devrait mettre à l'arrêt à partir de ce vendredi la quasi-totalité des productions de films et de séries américaines. "C'est un moment historique", a lancé Fran Drescher, la présidente de cette organisation qui représente 160.000 acteurs et autres professionnels du petit et grand écran.

Cette ancienne star de la série Une nounou d'enfer se retrouve en première ligne d'un conflit déjà mené depuis plusieurs semaines par les scénaristes sur la côte ouest des États-Unis.

• Quelles sont les inquiétudes des acteurs?

"Le conseil national du SAG-AFTRA a voté à l'unanimité un ordre de grève contre les studios et les diffuseurs", a indiqué le directeur exécutif du syndicat, Duncan Crabtree-Ireland.

Acteurs et scénaristes réclament notamment une revalorisation de leurs rémunérations. Mais les deux corps de métier veulent aussi des garanties concernant l'usage de l'intelligence artificielle (IA), pour empêcher cette dernière de générer des scripts ou de cloner leurs voix et image.

Cette proposition faite par l'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP) lors des négociations, a d'ailleurs provoqué la colère de Duncan Crabtree-Ireland, lors d'une conférence de presse ce jeudi.

• Qu'ont-ils le droit de faire pendant la grève?

Le mouvement devrait se faire ressentir très rapidement: les grévistes ont reçu une liste de consignes assez longue de la part du SAG-AFTRA, indique Variety. Chanter, danser, jouer et faire des performances devant des caméras? Terminé.

Passer des auditions, faire des photos pour des essais lumières ou pour des doublages? Les acteurs grévistes ne le feront plus. Faire la promotion de films, de séries ou passer dans des médias pour parler d'une œuvre est également interdit.

Enfin, les grévistes ne participeront pas à tous les événements prévus dans le cadre de la promotion classique d'un film: tournées, rencontres avec les fans, conventions, etc. Avant le début officiel de la grève, les stars d'Oppenheimer ont ainsi quitté l'avant-première du film à Londres, en signe de soutien.

• Quelle est la réaction de l'industrie?

L'AMPTP, qui représentait les studios et plateformes de streaming dans les négociations, s'est dite "très déçue" de leur échec. Le patron de Disney, Bob Iger, a même fustigé des exigences "irréalistes" sur la chaîne CNBC.

Avant les conséquences économiques qui vont se chiffrer à plusieurs millions de dollars, c'est une question d'image qui va se poser pour les barons de l'industrie cinématographique. Car l'absence de comédiens sur les tapis rouges laisserait un grand vide en Californie.

La première américaine d'Oppenheimer prévue lundi à New York, risque d'être réduite au minimum. Le Comic-Con, la grand-messe des geeks et amateurs de bande dessinée américains, devrait ainsi se dérouler sans vedettes à partir du 20 juillet à San Diego.

Même la cérémonie des Emmy Awards, équivalent des Oscars pour la télé, prévue le 18 septembre, est menacée. La production envisage déjà de reporter l'événement en novembre, voire en 2024, selon la presse américaine.

• Combien de temps va durer la grève?

La production de séries et de films à Hollywood va être quasiment gelée. Seuls quelques talk-shows et émissions de téléréalité vont se poursuivre. Avec la grève des scénaristes, depuis mai, les seules productions qui ont décidé de tourner le font sur la base de scripts déjà terminés au printemps, sans pouvoir les modifier.

Avec la grève des acteurs, le conflit monte donc en intensité. Et les conséquences économiques pourraient s'élever à plusieurs millions de dollars.

Car nul ne sait combien de temps le mouvement pourrait durer. Les acteurs n'ont pas fait grève depuis 1980. La dernière grève des scénaristes, qui remonte à 2007-2008, avait duré 100 jours et coûté deux milliards de dollars au secteur.

"C'est douloureux et c'est nécessaire", a expliqué Jennifer Van Dyck, une actrice syndiquée. "Quand le patron de Disney gagne 45 millions de dollars par an et que nous demandons juste un salaire décent, je pense que ce sont eux qu'on peut accuser d'être déraisonnables."

Article original publié sur BFMTV.com