"Trop compliqué à gérer": "The Palace", le dernier Polanski déprogrammé de la seule salle qui le projetait à Paris

Le directeur du petit cinéma Studio Galande, à Paris, a renoncé à diffuser "The Palace" en raison des accusations qui pèsent sur le réalisateur.

Trois petites séances, et puis s'en va. The Palace, dernier-né de Roman Polanski, disparaît de l'affiche du Studio Galande ce mardi, moins d'une semaine après sa sortie. Ce petit cinéma du Ve arrondissement de Paris était le seul de la capitale à diffuser ce long-métrage du cinéaste, tombé en disgrâce à cause de nombreuses affaires de mœurs.

Le petit cinéma avait été agité par une manifestation féministe mercredi dernier, jour de la sortie du film; d'après Le Figaro, une dizaine de personnes s'étaient présentées avec une banderole marquée de l'inscription "Violanski". Elles avaient hué les spectateurs entrant dans la salle, au cri notamment de "on vous voit violeurs".

Dès lors, Hicham Benmohammed avait déclaré vouloir déprogrammer le long-métrage. Il avait assuré qu'il n'était "pas au courant de ces histoires autour de Polanski" et avait accusé le distributeur de l'avoir "piégé". Le Parisien révèle que The Palace a finalement été projeté à nouveau samedi soir, avant sa dernière séance de lundi.

La sortie en salles de ce film au budget de 17 millions d'euros, d'après Variety, est précédée d'un accueil glacial à la Mostra de Venise, en septembre dernier - où le réalisateur ne s'était pas rendu. La simple sélection de The Palace avait été largement contestée, les détracteurs y voyant le symbole de l'impunité du réalisateur. La projection avait mené à des critiques assassines.

Libération avait qualifié le long-métrage d'"infecte purge", Le Figaro avait déploré un "naufrage" et "un ratage monumental", tandis que Télérama avait décrit "un film indigeste et laid".

"Je ne suis pas sûr d'avoir déjà vu un tel silence de mort dans une aussi grande salle de cinéma pendant un film qui faisait autant d'efforts pour être drôle", avait écrit de son côté Variety.

Roman Polanski a été accusé d'agressions sexuelles et viols par une dizaine de femmes au fil de sa carrière, des affirmations qu'il a toujours contestées et qui ne l'ont pas empêché de travailler.

Il est considéré comme un fugitif aux États-Unis depuis plus de quarante ans, après une condamnation pour des "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans, Samantha Gailey (devenue Geimer).

En 1977, arrêté, accusé d'avoir drogué et violé cette adolescente, il avait passé 42 jours en prison avant d'être libéré et de gagner Paris. Il est visé depuis par un mandat d'arrêt international de la justice américaine.

Le cinéaste est appelé à comparaître en 2025 en Californie, lors d'un procès au civil pour viol d'une adolescente en 1973, des accusations qu'il conteste "avec la plus grande fermeté" selon son avocate parisienne.

D'après Allocine, The Palace est diffusé dans une seule autre salle en Île-de-France, et 82 à travers l'Hexagone. L'intrigue de ce film tourné en 2022 à Gstaad, en Suisse, se déroule dans un hôtel de luxe, le soir du passage à l'an 2000. Au générique, quelques noms connus, comme Fanny Ardant, John Cleese ou Mickey Rourke, mais aucune star en vogue.

The Palace intervient quatre ans après le sacre controversé de Roman Polanski aux César. Son film J'accuse, auréolé de douze nominations, lui avait valu le prix de la meilleure réalisation, alors même qu'une nouvelle vague #MeToo déferlait sur le cinéma français à la suite des accusations d'Adèle Haenel contre le réalisateur Christophe Ruggia. La comédienne avait d'ailleurs fait sensation en quittant la salle à l'annonce de cette récompense, et la maîtresse de cérémonie Florence Foresti n'était plus remontée sur scène.

Article original publié sur BFMTV.com

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