Le commerce illégal de diamants en Angola, une filière aux ramifications mondiales
“Les secrets du trafic de diamants”, titre l’hebdomadaire portugais Visão. Tel qu’on le lirait dans un roman policier, Jorge Francisco, alias Jorge Americano, s’est mis à table. En 2016, ce trafiquant natif des Açores, qui s’est enrichi grâce au commerce illégal de pierres précieuses en Angola, a raconté les dessous de ce réseau mondial à la justice portugaise. Il est cette semaine le témoin privilégié de l’enquête que publie Visão sur le sujet.
À 77 ans, Jorge Americano, qui vit aujourd’hui au Brésil, est d’ailleurs toujours mis en examen à Lisbonne pour une fraude fiscale de 4 millions d’euros liée à ce trafic. “Un crime qui ne l’empêche pas de dormir”, ajoute Visão. Et pour cause : malgré le luxe de détails (itinéraires, noms et montants impliqués) qu’il a délivrés à Carlos Alexandre, juge de renom au Portugal chargé de l’enquête, ce dernier n’a pas réuni les preuves suffisantes pour le poursuivre pour contrebande.
À partir des “révélations” de celui qui, selon l’enquête, possède aujourd’hui “18 immeubles urbains et cinq autres à la campagne, mais aussi une usine d’aliments pour animaux aux Açores, et qui fait circuler des millions d’euros sur ses comptes”, le magazine raconte par le menu l’évolution et les ramifications internationales de ce business en Angola, “basé sur la parole et la confiance”. On y croise notamment des figures du clan de José Eduardo dos Santos, qui a dirigé le pays de 1979 à 2017.
“Une contrebande endémique”
Jorge Americano, protégé par un ami du fils de l’ancien président, a commencé à acheter des diamants à la fin des années 1990 et à les faire circuler jusqu’à leur entrée en Europe, précisément au Portugal et en Belgique. À une époque où Isabel dos Santos, la fille de l’ancien président et future “femme la plus riche d’Afrique”, possédait une partie de la société Ascorp, créée avec la bénédiction et la participation de l’État angolais par l’intermédiaire de Trans Africa Investment Services, ou Tais Ltd, une société offshore fondée avec sa mère, Tatiana Kukanova.
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