Colère des agriculteurs: la mobilisation se poursuit en partie, malgré les annonces de Gabriel Attal
Certains barrages levés, mais une mobilisation qui se poursuit. Après les annonces du Premier ministre Gabriel Attal vendredi soir, les syndicats agricoles appellent à poursuivre les blocages ce samedi 27 janvier, jugeant que les réponses du chef du gouvernement sont insuffisantes.
Des mesures annoncées par Attal
Pour tenter d'éteindre la révolte montée de campagnes où beaucoup ne parviennent plus à vivre de leur métier, le Premier ministre a dévoilé des mesures d'urgence en Haute-Garonne, berceau de la contestation.
Il a notamment accédé à quelques-unes des demandes les plus pressantes des manifestants entre l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE, ou des sanctions lourdes contre trois industriels de l'agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.
Le Premier ministre s'est ensuite rendu dans la soirée au barrage de Carbonne, sur l'A64, pour échanger avec des agriculteurs.
Des mesures "trop justes" pour les syndicats
Ces annonces ont bien été entendues par l'agriculteur Jérôme Bayle, initiateur du premier blocage sur l'A64 et devenu l'un des visages de la mobilisation. Il a déclaré vendredi, aux côtés de Gabriel Attal, que le blocage sur l'A64 serait levé ce samedi.
Autre son de cloche du côté des syndicats. La FNSEA qui, en duo avec les Jeunes agriculteurs, est le syndicat majoritaire de la profession, appelle à poursuivre la mobilisation, tout comme la Coordination rurale ou la Confédération paysanne.
"Ce qui a été dit ce soir ne calme pas la colère, il faut aller plus loin", a affirmé vendredi le président de la FNSEA Arnaud Rousseau sur TF1, jugeant les mesures "trop justes".
Sur les points de blocage mis en place par les tracteurs sur les autoroutes et grands axes, "il va y avoir des roulements (...), certains vont arrêter pour se reposer, d'autres vont poursuivre", a-t-il prédit, tout en proposant "d'aller à (la) rencontre" du Premier ministre dès samedi matin.
À Agen, notamment, dans le Lot-et-Garonne, les leaders de la contestation ont annoncé poursuivre la mobilisation et les agriculteurs ont réinvesti un point de blocage sur l'A62. Une vingtaine d'agriculteurs y ont passé la nuit de vendredi à ce samedi. Un convoi d'agriculteurs est par ailleurs en route vers Roissy, dans le Val-d'Oise.
De nouveaux blocages attendus
Le Premier ministre a abordé de nombreuses revendications agricoles, sans toutefois mentionner les pesticides, pour lesquels la FNSEA a récemment demandé un "moratoire sur l'interdiction". Le syndicat attend des réponses sur d'autres dossiers, liés à l'Ukraine, à la "surtransposition" en France des normes environnementales européennes ou à la retraite des agriculteurs.
De son côté, Véronique Le Floc'h, la présidente de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, a prévenu que les tracteurs de ses adhérents allaient "rester sur les routes", regrettant que le recul du gouvernement sur le GNR ne soit pas allé plus loin.
La Confédération paysanne, troisième syndicat, classé à gauche, a aussi déploré des mesures qu'elle a qualifiées de "très largement insuffisantes".
Une inquiétude partagée par l'organisation écologiste Greenpeace, qui a appelé à "agir sur les revenus" alors que "près de 20% des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté" et dénoncé les mesures visant à "limiter les recours juridiques" contre les "méga-bassines" ou les "fermes-usine".