CNC : Dominique Boutonnat, condamné à 3 ans de prison pour agression sexuelle sur son filleul, quitte la présidence

Le président du CNC Dominique Boutonnat au Festival de la fiction de La Rochelle le 16 septembre 2022.
XAVIER LEOTY / AFP Le président du CNC Dominique Boutonnat au Festival de la fiction de La Rochelle le 16 septembre 2022.

JUSTICE - Pour certains, il était devenu un symbole d’impunité des violences sexuelles dans le 7e art. Dominique Boutonnat, président du Centre national du cinéma (CNC), a été condamné ce vendredi 28 juin par le tribunal correctionnel de Nanterre à trois ans de prison dont un ferme pour agression sexuelle sur son filleul. Il a annoncé quitter son poste dans la foulée.

Judith Godrèche devant le CNC, pour demander la démission de Dominique Boutonnat mis en examen pour agression sexuelle

Le tribunal a estimé que les actes décrits à l’audience du 14 juin allaient « particulièrement loin dans le cadre d’une agression sexuelle ». Dominique Boutonnat devra effectuer sa peine d’un an de prison à domicile avec un bracelet électronique, a-t-il précisé.

Dans un message envoyé aux agents du CNC et dont l’AFP a eu connaissance, Laurent Boutonnat réaffirme son « innocence » et indique avoir décidé d’interjeter appel de ce jugement. Décidant « de cesser l’exercice » de ses « fonctions à compter d’aujourd’hui », il en a « averti » Rachida Dati, ministre de la Culture, qui a confié « l’intérim de la présidence du CNC à son actuel directeur général délégué, Olivier Henrard ».

Dominique Boutonnat reconnaît des « baisers consentis »

Dominique Boutonnat est accusé par son filleul de l’avoir embrassé de force et agressé sexuellement lors d’un séjour en Grèce en août 2020, alors qu’il avait 21 ans et son parrain 52 ans.

Dans sa plainte consultée par l’AFP, il raconte que Dominique Boutonnat, avec qui il n’a pas de lien de parenté, a tenté de le masturber après qu’ils se sont baignés nus dans une piscine. « Je le masturbe pour qu’il arrête de me toucher », dénonce-t-il encore, assurant que son parrain avait ensuite essayé de lui imposer une fellation.

Pour sa part, Dominique Boutonnat a dès les premières investigations reconnu des « baisers consentis », « des gestes d’affection qu’il a stoppés quand il a senti de la part de son filleul que ce geste aurait pu dégénérer en autre chose », avait affirmé en 2022 son avocat Emmanuel Marsigny.

Il avait été mis en examen pour tentative de viol, mais le parquet a écarté cette qualification pour uniquement retenir l’agression sexuelle, suffisamment caractérisée selon lui pour qu’un procès se tienne.

Judith Godrèche demande sa mise en retrait devant le Sénat

Malgré sa mise en examen en février 2021, Dominique Boutonnat avait été reconduit par l’exécutif à son poste à la tête du CNC en juillet 2022. La CGT-spectacle avait appelé à sa démission en octobre 2022, et le collectif 50/50, qui milite pour l’égalité, la parité et la diversité dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle, avait déploré sa reconduction.

« À l’heure où il nous faut collectivement améliorer les outils pour lutter contre les violences et les harcèlements sexistes et sexuels (...), comment se faire entendre quand, à la tête du principal organisme du secteur, se trouve une personne elle-même mise en examen pour des faits qualifiés par la justice “d’agression sexuelle” ? », interrogeait alors le syndicat.

L’actrice Judith Godrèche, qui milite pour la protection des enfants et contre les violences sexuelles, particulièrement dans le milieu du cinéma français, avait demandé devant le Sénat la mise en retrait de ses fonctions du patron du CNC.

Sollicité par l’AFP, le CNC avait alors déclaré que « les faits allégués, qui relèvent de la sphère privée, sont sans aucun rapport » avec l’activité du Centre, chargé d’accorder des subventions aux productions françaises, mais également d’organiser la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Son fonctionnement n’a « pas été affecté par le déroulement de la procédure judiciaire », assurait encore l’institution.

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