Climat : mars 2024 s’ajoute à la liste interminable des mois les plus chauds enregistrés sur Terre

Cela fait désormais plus d’un an que la température des océans, régulateurs majeurs du climat, est plus chaude que toutes les annales.

Mars 2024 est le dixième mois d’affilée de chaleurs historiques. (Photo : Le 5 avril 2024, il a fait 31 degrés à Bordeaux.)

CLIMAT - Un constat triste et angoissant. Avec un nouveau record de température en mars, cela fait dix mois d’affilée que la planète enregistre de chaleurs historiques. À l’échelle du globe, ces douze derniers mois, il a fait 1,58 °C de plus que dans le climat de la planète au XIXe siècle, avant que se fasse sentir l’effet de la combustion des énergies fossiles, de la déforestation ou de l’agriculture intensive.

Météo : des records de chaleur déjà battus en ce mois d’avril, alerte Météo-France

Poursuivant une série ininterrompue de dix records mensuels, mars 2024 constitue un nouveau signal après une année où le réchauffement climatique anthropique, accentué par le phénomène El Niño, a multiplié les catastrophes naturelles. Dans le même temps, l’humanité n’a pas encore diminué ses émissions des gaz à effet de serre.

Limite de 1,5 °C dépassé

Si juillet 2023 est devenu le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde, tous les mois depuis juin ont aussi battu leur propre record.

Mars 2024 poursuit la série, avec une température moyenne 1,68 °C plus élevée qu’un mois de mars normal dans le climat de l’ère préindustrielle (1850-1900), a annoncé mardi le service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus.

Sur les douze derniers mois, la température du globe a été 1,58 °C plus élevée qu’à l’ère préindustrielle, dépassant la limite de 1,5 °C fixée par l’accord de Paris. Cette anomalie devrait toutefois être relevée en moyenne sur « au moins 20 ans » pour considérer que le climat, et non la météo annuelle, a atteint ce seuil, rappelle l’observatoire.

Mais « nous sommes extraordinairement proches de cette limite et nous sommes déjà en sursis », déclare à l’AFP Samantha Burgess, cheffe adjointe du C3S.

Record absolu pour les océans

Cela fait désormais plus d’un an que la température des océans, régulateurs majeurs du climat qui recouvrent 70 % de la Terre, est plus chaude que toutes les annales. Mars 2024 établit même un nouveau record absolu, tous mois confondus, avec 21,07 °C de moyenne mesurés à leur surface (hors zones proches des pôles) par Copernicus.

« C’est incroyablement inhabituel », relève Samantha Burgess. Cette surchauffe menace la vie marine et entraîne plus d’humidité dans l’atmosphère, synonyme de conditions météorologiques plus instables, comme des vents violents et des pluies torrentielles. Elle réduit aussi l’absorption de nos émissions de gaz à effet de serre dans les mers, puits de carbone qui emmagasinent 90 % de l’excès d’énergie provoquée par l’activité humaine.

« Plus l’atmosphère mondiale se réchauffe, plus les évènements extrêmes seront nombreux, sévères, intenses », rappelle la scientifique, citant la menace « des vagues de chaleur, sécheresses, inondations et incendies de forêt ».

Ces records dépassent-ils les prévisions ? La question est débattue par les climatologues après une année 2023 hors norme, la plus chaude jamais mesurée. Cette chaleur supplémentaire, « nous pouvons l’expliquer en grande partie, mais pas entièrement », résume Samantha Burgess. « 2023 se situe dans la fourchette des prévisions des modèles climatiques, mais vraiment à la limite extérieure », loin de la moyenne, ajoute-t-elle, inquiète.

À voir également sur Le HuffPost :

  

Records de chaleur : la France n’avait jamais atteint une telle température avant un 15 avril

Journée internationale du castor : plutôt que des mégabassines, et si ces rongeurs étaient la solution ?