Claudette Pierret, fervente militante du droit à l’euthanasie : “En aidant les gens à mourir, je pense faire quelque chose de bien”

Depuis des années, ils sont des milliers à se bousculer à la frontière pour aller mourir en toute légalité. Face à cette situation, Emmanuel Macron s’est récemment prononcé en faveur d’un projet de loi sur la fin de vie qui sera présenté au Parlement à la fin du mois de mai. L’occasion pour Claudette Pierret de l’association ADMD de revenir pour Yahoo sur son combat pour l’euthanasie, un combat qu’elle mène depuis des années.

Mettre un terme à leurs souffrances et les aider à franchir la marche de l’au-delà en toute sérénité : c’est en quelque sorte la mission de Claudette Pierret, membre de l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité). Âgée de 76 ans, cette femme au grand coeur consacre sa vie, depuis 12 ans, à aider les malades à se rendre à l’étranger, là où l’euthanasie est légale.

Car jusqu'à présent en France, ce processus est toujours interdit. La loi Claeys-Léonetti, actuellement en vigueur, propose uniquement aux malades en phase terminale et en très grande souffrance, dont la vie est menacée à court terme, une "sédation profonde et continue jusqu’au décès". L’hydratation et la nutrition sont alors suspendues tout comme les traitements lorsqu'ils "apparaissent inutiles, disproportionnés ou lorsqu’ils n’ont d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie". Un texte qui s’avère trop restrictif pour les partisans de l’aide à mourir.

Pour Claudette Pierret, il est donc essentiel de faire évoluer la législation sur la fin de vie en France en prenant exemple sur certains de nos voisins européens. Comme elle l’explique au micro de Yahoo, en Belgique par exemple, le processus est simple et rapide. Concrètement, les personnes souffrantes doivent remplir, au total, trois conditions pour que l’acte réalisé par le médecin soit légal. Tout d’abord, c’est le malade et personne d’autre qui doit demander l’euthanasie. Il doit se trouver dans une situation médicale sans issue, autrement dit, souffrir d’une infection grave et incurable qui entraîne des souffrances physiques ou psychiques inapaisables. Et lorsque le médecin donne son feu vert, le patient peut alors partir sans crainte et rapidement, conformément à ses souhaits. “Dans 90% des cas, sinon plus, c’est une injection létale”, confie-t-elle.

“Le malade s’endort tranquillement sans soubresaut”

Le jour J, “les médecins viennent voir le malade, lui reposent encore une fois la question pour savoir si c’est bien ce qu’il souhaite. Puis, tranquillement, le médecin appuie sur la seringue”, explique-t-elle tout en comparant ce phénomène à une anesthésie générale. “Le malade s’endort tranquillement sans soubresaut, sans rien. Il s’endort”. Une fin de vie sereine pour laquelle elle milite depuis des années avec panache et détermination. “En aidant les gens à mourir, je pense que je fais quelque chose de bien parce que j’accède à une demande qui émane d’eux”, confie-t-elle tout en déplorant la position de la France à ce sujet.

Et au-delà de la mission qu’elle honore jour après jour, la septuagénaire explique avoir tissé des liens avec de nombreux patients. La dernière par exemple se prénommait Lydie Imhoff et avait 43 ans. “Elle pouvait vivre encore 10 ou 20 ans. Elle était handicapée de naissance, elle était aveugle. Elle avait des polypathologies et n’avait plus que deux doigts pour lire le braille et les doigts commençaient à lâcher”, explique-t-elle tout en se rappelant de l’état d’esprit qu’elle véhiculait. “Malgré tout, elle avait quand même le sourire, elle avait l'humour, la gentillesse, elle avait tout cette fille”. Une belle leçon de vie qu’elle a tenu à partager.