Cinq livres pour comprendre l’histoire de Singapour

Pour certains, c’est un îlot de prospérité au milieu d’une région turbulente. Pour d’autres, c’est une véritable dystopie, comme le décrit l’écrivain William Gibson, qui qualifiait la cité-État de “Disneyland avec la peine de mort” dans un article publié en 1993 par le magazine américain Wired. Les deux facettes de Singapour sont illustrées par l’instauration d’une démocratie qui conserve un système de parti unique – un modèle qui peut susciter les critiques.

L’ancien chroniqueur Asie de l’hebdomadaire britannique The Economist partage cinq ouvrages pour comprendre l’histoire de Singapour en adoptant différents points de vue.

  • Les mémoires en deux tomes de Lee Kuan Yew, Histoire de Singapour et Du tiers-monde à la prospérité (éditions du Pacifique, 2012), permettent de découvrir le pays à travers les yeux de son ancien Premier ministre, à la tête de l’État pendant plus de trente ans et mort en 2015. Il est celui qui a fait passer Singapour du statut de pays du tiers-monde, comme l’indique le titre de son second volume, à l’État prospère qu’on connaît aujourd’hui. Il a réussi cet exploit malgré les difficultés, “sans espace, sans ressources naturelles, sur une île peuplée d’immigrants polyglottes, donc sans héritage commun en termes d’histoire”. L’émergence de Singapour sur la scène mondiale racontée par son principal artisan.

  • L’Étreinte de Singapour, de James Gordon Farrell (éditions Fayard, 2003). Ce roman revient sur l’occupation japonaise du territoire (britannique à l’époque), qui commence en 1942. C’est une critique violente, qui peut parfois être hilarante, de l’absurdité, du racisme et de l’arrogance du pouvoir colonial. C’est aussi un récit émouvant qui retrace l’horreur de la guerre à travers les yeux de son personnage principal, Matthew Webb, un idéaliste.

  • Charlie Chan Hock Chye. Une vie dessinée, de Sonny Liew (éditions Urban Comics, 2017). Ce roman illustré offre un point de vue opposé à celui des Mémoires de l’ex-Premier ministre Lee Kuan Yew. Sonny Liew s’attaque à différentes périodes controversées de l’histoire de Singapour. À travers la carrière de son personnage, Charlie, un auteur de bandes dessinées, il “utilise l’allégorie pour raconter [notamment] l’échec de la fusion entre Singapour et la fédération de Malaisie au début des années 1960, avec M. Lee représenté sous la forme d’un Sang Kancil, un animal issu du folklore local qui tient à la fois de la souris et du cerf et qui se sert de la ruse pour survivre”, détaille The Economist.

  • The Ocean in a Drop. Singapore : The Next 50 Years, de Ho Kwon Ping (inédit en français). Ancien journaliste dissident, l’écrivain Ho Kwon Ping a été arrêté en 1977 pour avoir écrit des articles qui mettaient en cause le gouvernement de l’époque. Aujourd’hui président fondateur de la Singapore Management University, il lui a été demandé en 2015 à l’occasion des 50 ans de l’indépendance du pays, d’organiser une série de conférences. Ce livre au contenu “pertinent et provocateur”, selon l’hebdomadaire britannique, rassemble les actes de ces conférences. Le journaliste offre sa lecture de la politique du pays et présente ses suggestions, notamment concernant l’aggravation des inégalités et le problème du vieillissement de la population.

  • Air-Conditioned Nation Revisited, de Cherian George (inédit en français). Ancien journaliste du quotidien de Singapour The Straits Times, désormais professeur à l’Université baptiste de Hong Kong, Cherian George travaille sur les médias et la politique. Il a publié ce recueil d’essais en 2000, qui reste la meilleure introduction possible au système politique atypique de Singapour.

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