Les choix culture du « Point » : vibrer avec Carmen ou danser à Athènes ?

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Rester vivant avec Carmen

Devenue migrante mexicaine, Carmen, toujours un peu rebelle et pas farouche, n'est plus victime du désir des hommes. Elle aime sa maman, ne fait plus de bêtises et assume sa liberté dans le premier film de Benjamin Millepied, qui, à 46 ans, se lance dans le cinéma sans complexe. Le danseur et chorégraphe n'hésite pas à revendiquer une « réinvention absolue » de l'œuvre dans ce film flamboyant, porté par la musique expressionniste du compositeur américain Nicholas Britell (qui a signé celle de la série Succession) et par un trio d'acteurs : la Mexicaine Melissa Barrera, star de la série Scream, l'Irlandais Paul Mescal, révélé par Normal People et tête d'affiche du nouveau Gladiator (2024), enfin par l'Espagnole Rossy de Palma, icône de la Movida et égérie d'Almodovar.

Adieu « toréadors », éventails et mantilles ! Sa Carmen décoiffe, électrise et, surtout, elle ne meurt pas. Tour à tour muette chez Cecil B. DeMille et Charlot, vibrante flamenca chez Carlos Saura, lyrique pour Francesco Rosi, noire avec Otto Preminger, ou carrément terroriste chez Godard, elle a chaque fois survécu.

Millepied, lui, la voit toujours forte, conquérante et, surtout, maîtresse de son destin. Dès l'ouverture, on est plongés dans la frénésie d'un flamenco exécuté par la mère de Carmen qu'un policier tient en joue avec son arme. Tout au long du film qui tourne autour de la cavalcade de la migrante Carmen et de son amant, Millepied combine avec brio scènes d [...] Lire la suite