Choisir ses témoins de mariage ? Une pression pour certains mariés, entre peur de vexer et promesses d’ados

« J’ai senti je n’avais pas le choix.  Si j’avais choisi les deux témoins que je voulais, j’aurais vexé des gens et ça me faisait très peur » raconte Agathe
Burke/Triolo Productions / Getty Images « J’ai senti je n’avais pas le choix. Si j’avais choisi les deux témoins que je voulais, j’aurais vexé des gens et ça me faisait très peur » raconte Agathe

AMITIÉ - « Dès que l’euphorie de la demande est tombée, je me suis dit “oh la la, il va falloir choisir des témoins”. » Lorie a 34 ans et quand son partenaire de longue date l’a demandée en mariage il y a deux ans, elle n’a pas été surprise puisqu’ils prévoyaient l’événement depuis des années déjà. Lieu, musique, vêtements, menu… Tout, sauf un détail auquel elle n’avait absolument pas pensé : les témoins qu’elle choisirait.

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Participants privilégiés des mariages à la mairie, les deux à quatre témoins de la cérémonie font la plupart du temps partie des proches des futurs époux. Mais choisir les personnes qui rempliront ce rôle symbolique peut parfois s’avérer périlleux dans les groupes d’amis… Voire devenir un vrai casse-tête. Trois personnes en ont fait les frais et ont partagé leur histoire avec Le HuffPost.

« Je n’ai pas de classement de mes amis, comment je fais ? »

Lorie est formelle, quand elle a commencé à se poser la question, absolument aucun prénom ne lui est venu en tête – et ce n’est pas par manque d’options. « Je n’avais aucune idée de comment choisir, et quand j’en ai parlé autour de moi, les réponses des autres ne me correspondaient pas du tout, explique la trentenaire. Choisir les amis les plus anciens ? Mais c’est aussi ceux que je vois le moins souvent parce qu’ils habitent dans ma ville natale. Choisir les plus proches ? Il y en a plus que deux, et je ne les classe pas vraiment par ordre de préférence. Choisir ceux qui connaissent mon copain aussi bien que moi ? Pas convaincue… »

Elle a tenté tant bien que mal de visualiser la cérémonie avec les personnes qu’elle imaginait à ses côtés, en vain. « Autant je m’imaginais très bien faire la fête avec tous mes proches, autant, imaginer qui organiserait mon EVJF ou ferait un discours, c’était beaucoup moins clair. » Avec, en prime, la peur de vexer celles et ceux qui lui avaient déjà donné un rôle spécial au moment de leurs mariages.

Promesses d’ados et peur de vexer

Une peur de blesser que connaît bien Agathe*, qui s’est mariée il y a six ans. « Quand j’étais ado, une copine et moi nous sommes promis qu’on serait témoins à nos mariages respectifs. Une promesse pas forcément réfléchie. Vingt ans plus tard, quand je me suis fiancée, nous étions toujours amies, et je n’avais pas vraiment envie de la choisir. » Sauf que cette amie n’avait pas oublié leur serment. Et même si Agathe avait envie d’offrir ce rôle à quelqu’un d’autre, elle sentait bien que ce choix la blesserait beaucoup. « Je me suis sentie obligée de lui proposer », explique-t-elle.

Le choix de son deuxième témoin n’était pas beaucoup plus libre : « J’ai choisi quelqu’un qui m’avait choisi pour témoin à son mariage, soupire Agathe. Clairement, je me suis dit que je n’avais pas le choix. Ça m’a fait chier, mais si j’avais fait autrement, j’aurais vexé des gens et ça me faisait très peur. » En réalité, elle avait deux autres personnes en tête, « des gens qui me connaissent très bien aussi, qui connaissaient bien mon conjoint… Si j’avais pu choisir six témoins, mon problème aurait été réglé », explique la trentenaire, qui avoue regretter un peu de ne pas avoir fait de « choix du cœur », mais souligne que ses témoins ont tout de même rempli leur rôle à merveille.

Choisir des témoins compatibles entre eux ?

Pour Yannis*, ce « choix du cœur » s’est présenté comme une évidence, accompagné d’une question : ses deux témoins seraient-ils compatibles entre eux ? « Quand ma copine et moi nous sommes fiancés, il y a quelques mois, elle a très vite communiqué avec les gens qu’elle avait choisis pour témoins, raconte-t-il. Pour moi, ça a pris un peu plus de temps : je savais que j’avais envie de choisir mon plus vieil ami d’enfance et un ami plus récent, que j’ai rencontré à l’université, mais j’avais comme un dilemme ». Car si Yannis est très attaché à ces deux amis qui le connaissent très bien, il partage avec chacun d’entre eux des choses assez différentes.

« Les deux ont des cultures, ou disons des habitudes assez différentes. Ils représentent tous les deux des parties de mon identité qui ne se croisent pas toujours, explique-t-il. Pour organiser un enterrement de vie de garçon, par exemple, est-ce qu’ils auraient pu être sur la même longueur d’onde ? Je sais que le premier serait plutôt “à l’ancienne”, et envisagerait un événement du genre chicha, pas forcément mixte, un peu moins tourné vers l’alcool, tandis que le deuxième aurait l’idée d’un week-end à boire des coups dans des bars, avec un groupe mixte. » Ayant du mal à les imaginer s’accorder, il s’est interrogé un moment, avant d’acter sa décision.

« C’est mon choix, et c’est aussi une bonne représentation de la personne que je suis, qui fait le trait d’union entre deux mondes », souligne-t-il, en précisant qu’il s’est fait à l’idée qu’il aurait peut-être « deux enterrements de vie de garçons, avec des programmes différents », un par témoin, quand la date de son mariage approchera.

Choisir ses amis les plus sociables

Quant à Lorie, après s’être interrogée sur toutes les configurations possibles, elle a fini par choisir ses témoins selon leur caractère. « J’avais envie de choisir une de mes amies les plus proches mais j’ai beau l’aimer de tout mon cœur, je dois bien reconnaître qu’elle n’est pas très sociable, ce qui n’est pas compatible avec l’exercice, dit-elle en riant. Je sais qu’un ami très proche s’attendait à ce que je le choisisse également, mais je ne le sentais pas trop. Je l’ai vu galérer à organiser des anniversaires pour dix, et j’avais peur de ne pas pouvoir compter sur lui si besoin au moment de l’organisation de l’événement. »

Elle a donc proposé d’être ses témoins à ses deux amies « les plus sociables », en s’arrangeant pour qu’à elles deux, elles connaissent l’ensemble de la liste des invités au mariage. Et pour éviter les déçus, elle explique avoir trouvé une technique imparable : « J’ai donné le titre honorifique de demoiselle d’honneur à tous mes autres amis proches, en espérant que personne ne soit trop vexé. »

*Les prénoms ont été modifiés

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