La Chine veut « punir » Taïwan et son président Lai Ching-te avec de nouvelles manœuvres militaires

Photo d’illustration du président taïwanais Lai Ching-te lors de son discours d’investiture à Taipei, le 20 mai 2024
SAM YEH / AFP Photo d’illustration du président taïwanais Lai Ching-te lors de son discours d’investiture à Taipei, le 20 mai 2024

INTERNATIONAL - Pression militaire supplémentaire. La Chine a lancé plusieurs manœuvres militaires d’ampleur autour de Taïwan ce jeudi 23 mai, qu’elle présente comme une « punition sévère » envers son nouveau président Lai Ching-te. Ces exercices militaires ont débuté à 07 h 45 (01 h 45, heure française) et doivent durer jusqu’à vendredi inclus.

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Ces nouvelles manœuvres constituent une « punition sévère pour les actes séparatistes des forces “indépendantistes de Taïwan” et un avertissement sévère contre l’ingérence et la provocation des forces extérieures », a indiqué dans un communiqué Li Xi, le porte-parole du théâtre Est de l’armée chinoise.

Lors de son discours d’investiture ce lundi, Lai Ching-te a promis de défendre la démocratie face à ce qu’il présente comme des menaces chinoises. Il avait également appelé Pékin à « cesser ses intimidations politiques et militaires », en cours depuis plusieurs années. Ce discours a été qualifié par Pékin d’« aveu de l’indépendance de Taïwan ».

La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Si Pékin dit privilégier une réunification « pacifique » avec le territoire insulaire peuplé de 23 millions d’habitants et gouverné par un système démocratique, elle n’a jamais renoncé à employer la force militaire.

Le nom de l’opération, « Joint Sword-2024A », interroge

Baptisées « Joint Sword-2024A », ces nouvelles manœuvres impliquent l’armée de terre, la marine, l’armée de l’air et l’unité des fusées. Ils se déroulent « dans le détroit de Taïwan, au nord, au sud et à l’est de l’île de Taïwan, ainsi que dans les zones situées autour des îles de Kinmen, Matsu, Wuqiu et Dongyin », a précisé Li Xi, le porte-parole du théâtre Est de l’armée chinoise. Ces dernières îles, en particulier Kinmen, sont situées à proximité immédiate de la côte est chinoise.

L’objectif est de « tester les capacités de combat réelles conjointes des forces du commandement », a indiqué le porte-parole, à travers notamment « la prise de contrôle de l’ensemble du champ de bataille et des frappes de précision sur des cibles clés ».

« L’exercice actuel s’appelle Joint Sword-2024A, ce qui signifie probablement qu’il y en aura plusieurs cette année », le « A » laissant entendre qu’il s’agit du premier d’une série de manœuvres, indique l’analyste Bill Bishop dans sa lettre d’information Sinocism.

Neuf zones d’exercices militaires

La télévision étatique chinoise CCTV a publié une carte montrant les neuf zones où se déroulent les exercices militaires. La plus proche de l’île de Taïwan semble située à moins de 50 kilomètres des côtes.

Le ministère taïwanais de la Défense a « condamné fermement » ces manœuvres chinoises, qu’il a qualifiées de « provocations et actions irrationnelles ». « Nous avons déployé des forces maritimes, aériennes et terrestres en réponse (...) pour défendre la liberté, la démocratie et la souveraineté » de l’île, a-t-il souligné. Les garde-côtes taïwanais ont, eux, annoncé avoir déployé leur flotte en mer pour défendre « fermement la souveraineté et la sécurité » de l’île.

Un conflit ouvert dans le détroit de Taïwan, même si la plupart des experts excluent cette hypothèse à court terme, aurait un effet dévastateur pour l’économie : plus de 50% des conteneurs transportés dans le monde transitent par ce détroit et l’île produit 70% des semi-conducteurs de la planète.

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